D EPUIS la dernière élection présidentielle, la démocratie américaine nous réserve bien des surprises. En démissionnant du parti républicain, le sénateur du Vermont, Jim Jefford, 67 ans, fait basculer la majorité sénatoriale qui échappe aux républicains et tombe aux mains des démocrates.
M. Jefford n'est pas passé à l'ennemi. Il est « indépendant ». Mais les sénateurs démocrates sont désormais au nombre de 50 contre 49 républicains. Ils vont donc s'emparer des puissantes commissions sénatoriales qui font la pluie et le beau temps en matière de budget et de politique étrangère. Or le Sénat des Etats-Unis n'a rien à voir avec le nôtre. Il légifère et contrôle l'action législative de la Chambre des représentants.
C'est un coup de tonnerre dans le ciel, jusqu'alors serein, du président George W. Bush, qui va devoir prendre en compte, dans l'énoncé de sa politique, d'une opposition plus puissante.
Mais, à bien y réfléchir, la défection de M. Jefford, qui s'est fait instantanément une renommée internationale, n'était-elle pas prévisible ? Elu avec une minorité populaire et à la suite d'une intervention contestée de la Cour suprême fédérale, M. Bush a largement ignoré, depuis son arrivée à la Maison-Blanche, les 40 millions d'Américains qui ont voté pour son adversaire. Il met en œuvre une politique énergétique dangereuse pour l'environnement et renonce à deux traités, l'ABM et le protocole de Kyoto, qui engageaient les Etats-Unis dans deux domaines essentiels : l'équilibre de la terreur et la stabilité écologique de la planète ; il adopte un programme économique qui laisse peu d'espoirs aux classes pauvres mais qui est favorable aux privilégiés, grâce à une baisse d'impôts colossale ; il dénonce des avancées sur l'avortement ; il renonce à des programmes sociaux.
M. Jefford déclare qu'il n'approuve aucune des mesures décidées par le président. Il n'est pas le seul ; non seulement il existe une forte opposition démocrate, mais une partie des élus républicains est modérée. M. Bush aurait donc dû comprendre qu'il devait gouverner au centre, car tel était le sens du mandat que les Américains lui ont accordé du bout des lèvres. Le voilà contraint, par la force des choses, c'est-à-dire par un renversement de la majorité sénatoriale, de rechercher des compromis, ou d'adapter son programme à la réalité politique. S'il ne le fait pas, d'autres défections peuvent se produire, à commencer par celle du sénateur John McCain, son ancien rival à l'investiture républicaine ; et en tout état de cause, il sait déjà qu'il ne peut plus faire passer en force ses principaux projets.
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