Accroché à un porte-clés, dissimulé dans un stylo ou même dans un couteau suisse, le module USB est devenu un outil indispensable pour de très nombreux utilisateurs d’ordinateurs, portables ou fixes. Ce qui est désigné communément sous l’appellation de clé a pris très rapidement la place de la disquette de 3,5 pouces qui fut longtemps le support d’enregistrement standard de l’informatique de bureau. Puis sa capacité d’enregistrement augmentant, les fabricants lui ont trouvé d’autres usages dont l’un des plus courant est celui d’enregistreur/lecteur de fichiers audio MP3. En tant que mémoire amovible pouvant stocker des fichiers informatiques, la clé USB a aussi été dotée de moyens de protection physique, comme un dispositif de verrouillage empêchant l’écriture, ou des solutions logicielles de cryptage de données, ou de protection par mot de passe, pour tout ou partie de la mémoire (partition). Plus récemment, on a implanté sur certains modèles des lecteurs d’empreintes digitales qui transforment le produit non plus seulement en support protégé, mais aussi en véritable clé biométrique de sécurité pour activer un ordinateur personnel ou pour accéder à des applications en réseau. L’idée d’embarquer des applications dans un petit module flash pour disposer à tout moment d’une configuration personnelle prête à l’emploi, sans avoir à transporter un ordinateur portable, s’inscrivait donc dans une évolution naturelle.
Un espace personnel de travail
La paternité du « bureau mobile sur clé USB » est revendiquée par plusieurs acteurs à partir du début de l’année 2005. Mais c’est dans le courant de 2004 que la société marocaine NCD, dirigée par Mehdi et Réda Belkhayat, lance le Pocket Desktop, une solution fondée sur une vingtaine de logiciels libres, dont la suite bureautique OpenOffice. La modeste entreprise suscite beaucoup d’intérêt mais n’a pas les moyens de protéger son « invention » par des brevets internationaux. En décembre de la même année, les fabricants de supports mémoire ScanDisk et M-Systems (le second est racheté aujourd’hui par le premier) lancent U3, une plate-forme pour créer « un espace personnel de travail transportable sur clé USB ». Elle s’appuie sur un kit de développement permettant d’adapter les applications et d’un logiciel de lancement embarqué qui sert de passerelle et d’interface graphique pour accéder à l’espace de travail personnel. U3 est proposée sous forme de licence aux éditeurs de logiciels applicatifs et aux fabricants de clés USB qui, immédiatement, s’engagent en nombre sous sa bannière. De son côté, l’USB Flash Drive Alliance (Ufda), groupement d’industriels dont la fonction initiale est de promouvoir la technologie afin d’en multiplier les usages, a décidé de définir les standards d’une plate-forme, alternative à U3. Sans attendre, Lexar, membre éminent de l’Ufda, a annoncé PowerToGo, sa propre mouture de bureau mobile développée en réalité par l’éditeur israélien Ceedo. Les deux systèmes font sensiblement la même chose, mais fonctionnent de façon différente. La plate-forme U3 réside dans une partition « en lecture seule » de la clé. Les fichiers d’application qu’elle héberge sont compressés et doivent être décompressés pour être exécutés sur le PC hôte avant d’être effacés. Au contraire, la plate-forme Ceedo s’installe sur n’importe quelle clé (ou autre support mémoire) et les fichiers des applications qu’elle contient ne sont pas compressés. Ils tournent donc directement sur la clé, ce qui peut se révèler plus rapide et laisserait moins de traces sur le PC hôte. Ce même principe, purement logiciel, a également été employé par Iomega pour ActiveDisk qui permet de lancer automatiquement et d’exécuter des applications à partir de n’importe quel support de la marque – Zip, Rev, disques durs externes – ou de fabricants tiers.
Des applications à télécharger
On le retrouve également sur plusieurs sites gravitant dans la communauté du logiciel libre, comme www.framakey,org, www.bureaudepoche.com ou encore, www.portableapps.com pour les inconditionnels de l’anglais. Les deux premiers sites proposent de télécharger des packs de logiciels portables libres plus ou moins riches : FramakeyLite (six logiciels de bureautique et multimédias dont le traitement de texte Abiword) et Framakey Full (même compilation, mais avec OpenOffice) plus des packs spécialisés ou encore un pack de 50 applications (500 Mo au total) chargé en un seul clic sur bureaudepoche.com. De plus, des tutoriels en ligne sont disponibles pour accompagner les hésitants.
La diversité des applications embarquées est étonnante. Elles vont des plus sérieuses (suite bureautique, navigateur Internet, client de messagerie, etc.) aux plus futiles (jeux divers) en passant par des utilitaires multimédias de toutes sortes (lecteur audio ou vidéo). On ne sera donc pas surpris de retrouver parmi les applications proposées, des logiciels de chat comme Miranda (compatible ICQ, MSN, AIM, Jabber, Yahoo! et IRC) ou de téléphonie sur IP, comme Skype ou autres. Bien entendu, toutes les solutions de portabilité permettent à leurs utilisateurs d’ajouter à leur gré des applications de leur choix (on parle même d’une initiative prochaine de Microsoft), mais des fabricants de clés USB – notamment ceux licenciés de U3 – n’hésitent pas à mettre en avant leur partenariat privilégié avec des éditeurs pour proposer des solutions optimisées et prête à l’emploi. Le marseillais Dmailer propose ainsi une version U3 de son logiciel de synchronisation de messagerie compatible Outlook et Outlook Express que l’on retrouve préinstallé sur de nombreux modules licenciés U3. Dans un autre registre, la fondation américaine MedicAlert a conclu un accord avec U3 pour inclure dans sa plate-forme une fonction de dossier médical personnel porté par le patient (DM4P). Cette possibilité ne concerne pour l’instant que les utilisateurs d’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et s’adresse surtout, sur une base volontaire, aux personnes malades ou avec des antécédents médicaux sérieux. Cette idée à été reprise en Europe par plusieurs organisations comme la société suisse Medistick et a même été évoquée dans le cadre du débat sur le DMP français sans pour l’instant être retenue officiellement. Décidément, ce petit sésame électronique est plein de ressources.
Anatomie d’une clé USB
La clé USB est avant tout un petit périphérique de stockage essentiellement composé d’une mémoire flash et d’un circuit de contrôle (microcontrôleur Risc) associé à une ou à plusieurs diodes électroluminescentes qui servent de témoin de fonctionnement. Elle se connecte sur une prise – un port – Universal Serial Bus (USB), un standard apparu en 1990 et qui a pour objet le raccordement d’équipements informatiques à un ordinateur en mode dit plug-and-play, c’est-à-dire théoriquement sans procédure complexe de branchement et de débranchement. Le port USB véhicule non seulement les données – à vitesses lente de 1,5 Mbit/s ou rapide de 12 Mbit/s dans sa version 1.0 et jusqu’à 480 Mbit/s dans la version 2.0 –, mais également l’énergie électrique dans la limite de 500 mA et 15 V. Le raccordement au port USB se fait par le biais de deux types de connecteurs comportant quatre contacts : le type A, rectangulaire, est dédié aux périphériques de faible bande passante électrique, le type B, carré, est dévolu aux débits plus importants. On peut connecter en USB, au même ordinateur, jusqu’à 127 périphériques selon une topologie réseau en étoile ( via un boîtier à connecteurs multiples ou hub) ou chaînés les uns derrière les autres (en bus). Les trois systèmes d’exploitation sont compatibles avec le standard USB : Windows (en natif depuis la version 2000, avec un driver pour Windows 98 SE), MacOS (depuis la version 9.1) et Linux (pour les noyaux postérieurs à la version 2.4). Si leur programme interne le permet, certains ordinateurs démarrent un système d’exploitation à partir d’une clef USB. La technologie USB ne cesse d’évoluer, comme le prouve la fonctionnalité dénommée On-The-Go (OTG) qui facilite l’échange de données point à point entre deux périphériques sans avoir à passer par un hôte de type ordinateur personnel. Parmi les applications de cette technologie, on peut citer la connexion directe d’un appareil photo avec une imprimante, la connexion d’un mobile avec un lecteur MP3, etc.
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