LE CABINET DES CURIOSITES
Le premier numéro d'« Histoire de la médecine » rapportait l'histoire de la veuve d'un jeune médecin qui, grâce à l'intervention du Pr Lannelongue auprès du président de la République, avait obtenu un bureau de tabac la mettant à l'abri du besoin. La pratique était courante au XIXe, rapporte le Dr Jacques Ulmann : « Elle remplaçait le versement de pensions pour les veuves d'officiers dépourvues de moyens ; bien entendu, un mandataire devait en assurer l'exploitation directe. Le piston jouait à plein. »
« Ce genre d'entraide est aujourd'hui bien oublié, tellement nos concitoyens sont habitués aux facilités de la retraite et autres moyens de secours, poursuit le Dr Ulmann. Mais le souvenir de ces coutumes demeure dans la littérature de l'époque. Dans "l'Anneau d'améthyste", Anatole France parle "d'une dame à bureau de tabac évoluant dans un milieu ministériel" .Dans les "Lettres de mon moulin", Alphonse Daudet évoque aussi ces débits de tabac que l'on accordait volontiers aux veuves d'officiers supérieurs et aux mères de danseuses. Aurélien Scholl, dans un roman écrit en 1885, "Fruits défendus", écrit ceci : "Mme G. sollicitait depuis six ans un débit de tabac auquel elle avait droit. Son mari, chevalier de la Légion d'honneur, était tombé sur le champ de bataille. Mais on donnait les débits de tabac à des maîtresses de gens en place, à d'anciennes danseuses. Mme de M., veuve d'un général, mais jouissant d'une fortune relativement considérable, avait trois débits à elle seule !" »
Le Dr Ulmann possède la copie de la demande que son arrière-grand-mère avait envoyé au ministre de la Guerre après la mort en 1880 de son mari, chirurgien major de 1re classe qui avait fait toutes les campagnes du Second Empire, pour obtenir un débit de tabac lui permettant d'élever ses deux filles. « J'ignore les résultats de cette requête. Mais elle n'était pas danseuse », conclut le Dr Ulmann.
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