COMME POUR la majorité des ORL, le nombre d’actes du Dr Franck Chaudré, installé à Vannes (Morbihan), a baissé, «particulièrement depuis janvier dernier», précise-t-il. Aussi, la nouvelle revalorisation est-elle plutôt «une bonne chose». Mais, ajoute-t-il, concernant l’enveloppe destinée à compenser la perte de chiffre d’affaires de certaines spécialités depuis la mise en place du parcours de soins, «il faut attendre d’en voir les retombées d’un point de vue comptable», avant de se prononcer plus avant.
Le Dr Philippe Desplanques, généraliste à Quimper (Finistère), considère la nouvelle convention comme un pas supplémentaire vers «la disparition de la médecine générale dans dix ans».«Le fossé entre généralistes et spécialistes s’agrandit, notamment en raison d’un double discours qui dit d’une part que la médecine générale est une spécialité, mais qui affirme aussitôt une différence de tarifs.»
«Cela ne va pas inciter les internes à choisir la médecine générale, explique ce médecin qui exerce depuis vingt-neuf ans. La place de la médecine générale est toujours aussi méprisée. Il faudrait décider que le C est équivalent au CS. L’euro qui nous est octroyé est simplement un cache-misère. Nous avons un retard de quatre ans.»
S’agissant de la hausse de 3 euros pour les consultations d’enfants de 2 à 6 ans, ce médecin rappelle que l’augmentation de 5 euros qui avait été décidée dans la dernière convention a été ensuite supprimée.
«Ces différentes augmentations interviennent de toute manière dans un cadre qui nous est moins favorable, poursuit ce praticien. La réforme du médecin traitant est moins intéressante que le dispositif du médecin référent que j’étaisauparavant. Enfin, ce n’est plus vraiment à moi que je pense, mais aux plus jeunes.»
Toujours à Quimper, Yann Gouèze s’est installé en libéral il y a deux ans et demi, après avoir exercé comme hospitalier. Il analyse les dispositions de la nouvelle convention médicale et estime d’emblée que «l’euro supplémentaire ne changera pas ses conditions d’exercice». D’ailleurs, il «était opposé à cette augmentation. En 2002, nous avons déjà eu une belle hausse, en passant de 17,50 à 20 euros», précise-t-il.
Ce qui retient son attention, c’est la contrepartie imposée à ce qu’il nomme «un lot de consolation».
«L’accord est assorti d’un engagement pour atteindre des résultats quantitatifs, entre autres sur les prescriptions d’arrêt de travail. Cela signifie implicitement qu’on en prescrit trop aujourd’hui. En ce moment, il y a des contrôles accrus des caisses sur les arrêts de plus d’une semaine, avec les patients qui sont convoqués. Nous, médecins, nous ne sommes pas informés de ce contrôle. Vous imaginez le message qui est envoyé aux patients: nous n’avons pas confiance en votre médecin.»
Au-delà de «ce fossé qui se creuse entre les caisses et les praticiens, estime-t-il, ce sont des moyens coercitifs pour dissuader les gens de consulter. Pour les décourager, on rend le système de plus en plus complexe. Au lieu de cela, puisque nous allons, je pense, vers une diminution du nombre d’actes, on devrait plutôt nous aider à nous dégager de cette course à l’acte pour qu’on ait plus de temps à consacrer, par exemple, à des actions de prévention scolaire. C’est là le défi. Je reçois un tiers d’enfants. Il y a un gros problème de nutrition.»
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