Nouvelle direction au Cnrs

Bréchignac nommée, Larrouturou en partance

Publié le 12/01/2006
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CATHERINE BRÉCHIGNAC, une physicienne qui avait déjà occupé le poste de directeur général du Cnrs de 1997 à 2000, a été nommée en conseil des ministres présidente de l’organisme en remplacement de Bernard Meunier, démissionnaire. Le ministre délégué à la Recherche, François Goulard, a annoncé dans la foulée qu’un nouveau directeur général serait prochainement désigné en remplacement de Bernard Larrouturou.

Bernard Meunier avait déploré, en présentant sa démission, la semaine dernière, une «réticulation administrative excessive». Il avait souhaité, «en s’effaçant, (...) hâter la mise en place d’une gouvernance renouvelée». Sa démarche visait à montrer l’étendue de ses désaccords avec Bernard Larrouturou, qui avait lancé en 2004 avec Gérard Mégie la réorganisation du principal organisme de recherche français : le Cnrs emploie 26 000 personnes, dont 11 600 chercheurs et 14 400 ingénieurs, techniciens et administratifs. Créé en 1939, le Cnrs dispose d’un budget de 2,37 milliards d’euros pour 2006, en augmentation de 3,4 % par rapport à 2005.

Unité de conduite.

Déclarant «intolérables» les «dysfonctionnements» dus aux désaccords entre dirigeants, François Goulard a affirmé que le prochain directeur général aurait «une identité de vues» avec la nouvelle présidente pour assurer «une unité de conduite». Dans cet objectif, le ministre a précisé que «le pouvoir sera clairement» celui de Catherine Bréchignac.

Selon Bernard Larrouturou, qui occupe ses fonctions depuis le 31 juillet 2003, la réorganisation du Cnrs devait être «pleinement opérationnelle début 2006». Celle-ci promeut notamment «une culture d’objectifs» et le décloisonnement de l’activité scientifique.

Dans un communiqué, les «membres de l’équipe de direction» ont dénoncé «l’interruption brutale du mandat» de Bernard Larrouturou. «Solidaires de (son) action», les signataires «considèrent que cette éviction annoncée est de fait un limogeage de l’ensemble des membres de l’équipe de direction nommés par le directeur général.» Ils rappellent que la réforme «a été approuvée par le comité technique paritaire des personnels, par le conseil scientifique, par le conseil d’administration du Cnrs le 19mai 2005 et soutenue par le ministère de tutelle».

De son côté, le mouvement Sauvons la recherche– bien qu’il n’ait pas soutenu la réforme Larrouturou – estime qu’il y a «dans ce limogeage la même logique que dans le pacte pour la recherche: la défiance vis-à-vis des institutions scientifiques et des chercheurs, une défiance qui conduit à placer toutes les fonctions de responsabilités entre les mains de personnalités nommées –et, donc, révocables– par le pouvoir politique». Selon le collectif, cette logique est le reflet «d’une volonté de déstabilisation» du Cnrs, déjà menacé «par le surdimensionnement» de l’Agence nationale de la recherche (ANR).

Le projet de loi de programme pour la recherche, qui a été adopté par les sénateurs le 21 décembre dernier, doit être examiné par l’Assemblée nationale le 31 janvier en séance publique.

> STÉPHANIE HASENDAHL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7876