E NTRE Proust et Paul Morand, Bernard Boutet de Monvel a trouvé son monde, l'a peint. Il n'est pas qu'un peintre mondain, mais un témoin des Années folles.
Il va croiser ceux qu'il aura pour clientèle, et guère les artistes de son temps. C'est bien le caractère si particulier de sa démarche qu'elle se développe seule, indépendante, plutôt conditionnée par la commande que l'art tel qu'il se fait autour de lui. Ce qui donne toute son originalité à une uvre qui pourtant colle fort bien à son époque, surtout quand elle s'embrase pour célébrer la hautaine beauté d'un New York que l'on dirait chanté par Paul Morand. Ses modèles sont cousins de ceux de Proust, qu'il aménage à la sauce Années folles, style Art déco, avec une ligne stricte et géométrique, des mises en page où l'on sent le regard du photographe.
A y regarder d'un peu plus près, en oubliant les conventions du portrait mondain et la nature satisfaite et arrogante de sa clientèle, on perçoit un peintre qui invente son art, ses rythmes, sa facture, et distille une atmosphère qui dépasse largement la simple ressemblance d'un modèle que l'on a oublié le plus souvent, et n'est qu'un nom du who's whoo de l'époque.
Cette futilité du modèle, qui disparaît chez Van Dongen par la force de la touche, les restes d'un véritable talent de « fauve », est également dépassée chez Boutet de Monvel par la qualité d'une écriture graphique qui rejoint celle de la publicité, un sens de la simplification qui joue dans la clarté de lecture. On le note encore plus dans sa production africaine, quand l'esprit colonial inspirait des scènes pittoresques alors que lui cherche la structure des masses humaines drapées, confondues avec leurs vêtements.
Voilà une exposition qui donnera au peintre sa véritable place. Rejoignant la non moins mondaine Tamara de Lempicka qui, elle aussi, transgresse les lois du genre.
Bernard Boutet de Monvel (1881-1949). Mona Bismarck Foundation, 34, avenue de New-York. Jusqu'au 30 juin. Tous les jours, de 10 h 30 à 18 h 30, sauf le dimanche, lundi et jours fériés.
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