L’affaire a sidéré toute une région et laissé sans voix la totalité d’une profession. Depuis lors, la gêne est palpable, jusque dans les rangs de vos syndicats, d’ordinaire prompts à commenter les moindres événements touchant la médecine générale. Dans pareille conjoncture, que dire en effet, qui ne soit ni convenu, ni obscène, sinon se contenter de rappeler les faits dans toute leur énormité ? Un jeune confrère installé dans la campagne vendéenne, qui, à bout de souffle et de nerfs, met fin à ses jours après avoir supprimé son épouse et ses quatre enfants… Cri de désespoir ? Probablement. Accès de folie ? Sans doute. Au Généraliste, il nous semble avec le recul que le drame de Pouzauges dit quand même quelque chose du désarroi d’une profession émotionnellement surexposée.
Pour être honnête, voilà une dizaine de jours en fait, que dans les rangs de notre rédaction, on hésite sur la façon de traiter cette affaire, que ni vous, ni nous, ne se résigneraient à classer dans la catégorie « faits divers ». Si nous ouvrons le dossier cette semaine, c’est d’abord parce que, sur un tel sujet, il n’était pas possible de rester silencieux. Simple question de fidélité vis-à-vis d’un lectorat dont nous accompagnons les hauts et les bas depuis près de 35 ans… Et puis, à l’heure où l’on évoque surtout le stress des salariés dans les entreprises, il nous semble que la question de l’épuisement professionnel est symptomatique aussi de la « crise » de la médecine générale. Les médias n’en parlent guère. Mais la population en est consciente : en Vendée, les premiers témoignages recueillis par les enquêteurs n’évoquaient-ils pas spontanément le surmenage et la fatigue du «?Docteur?» ?
Car les cadences infernales, lot des cols blancs en ce début de XXIe siècle post-industriel, n’épargnent pas, loin s’en faut, les blouses blanches. Mais si les gens le savent, qui s’en émeut en haut lieu?? Le président de la République se fait fort de réhabiliter la « médecine de proximité » ? ça tombe bien. Souhaitons que la « grande concertation » confiée à Elisabeth Hubert fasse toucher du doigt une réalité peut-être paradoxale, mais triviale. Proches des gens effectivement, ces professionnels de terrain peuvent parfois se sentir bien seuls face aux attentes de leur clientèle.
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