Les résultats intermédiaires le laissaient deviner. Les résultats définitifs sont clairs. Le SMPS (Syndicat des manageurs publics de santé) a payé cher son image pro loi Bachelot. Et son changement de nom de janvier dernier (Le Syndicat national des cadres hospitaliers – SNCH – devenait le SMPS) n’aura pas suffi à enrayer la perte d’influence. Même si la position dominante du SMPS, effective depuis les années soixante-dix, s’effritait régulièrement, ces élections du 20 octobre peuvent être considérées comme un vrai séisme syndical chez les directeurs. « Nous sentions que nous serions en progression, mais nous n’avions aucune idée de l’ampleur du mouvement », remarque Michel Rosenblatt, secrétaire général du Syncass-CFDT, le grand gagnant du 20 octobre.
Un basculement à nuancer suivant les collèges
Globalement, sur le cumul des sièges nationaux qui étaient à pourvoir dans les trois collèges – directeurs d’hôpitaux (DH), directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (D3S) et directeurs de soins (DS) – pour les commissions administratives paritaires nationales (CAPN) et les nouveaux comités consultatifs nationaux (CCN), le Syncass-CFDT s’en arroge environ 52 %, le SMPS 33 %, CH-FO 13 % et UFMICT-CGT 2 %. Mais si l’on s’attarde sur chaque collège, le SMPS et le Syncass-CFDT font quasiment jeu égal chez les directeurs d’hôpitaux (avec un léger avantage au SMPS). C’est le collège des DS et surtout celui des D3S qui font basculer les résultats globaux en faveur du Syncass-CFDT. CH-FO (Syndicat national des cadres hospitaliers-Force ouvrière), pourtant proche de la ligne du Syncass-CFDT, n’a pas bénéficié pas de la chute du SMPS et conserve, au cumul, la troisième place.
Philippe Blua, président du SMPS, relativise toutefois le revers subit : « Si les résultats ne sont pas à la haute de nos espoirs, ils sont moins mauvais que ce que nous pouvions craindre. La signature in extremis du protocole a été une bonne chose. Nous n’étions pas certains pouvoir conserver la majorité dans le collège des directeurs d’hôpitaux. Quant aux deux autres collèges, nous y étions déjà minoritaires. »
Le bénéfice d’une attitude critique face au gouvernement
Michel Rosenblatt explique le succès de son syndicat comme le résultat « d’un long travail de fond auprès des directeurs, d’un suivi des situations individuelles et d’un discours collectif clair, cohérent et constant ». Le secrétaire général estime aussi avoir bénéficié du fait que le Syncass est réputé avoir été la cheville ouvrière du nouvel accord statutaire. Et bien entendu, le Syncass n’ignore pas avoir aussi récolté les fruits de son positionnement critique vis-à-vis de la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoire) et de la politique publique menée par le gouvernement. « C’est l’autre grille de lecture possible de ces résultats, souligne Michel Rosenblatt. Ils valident les critiquent que nous faisons sur les conséquences au quotidien de la politique publique actuelle et que nos collègues expriment de plus en plus nettement. » Philippe Blua l’admet volontiers : « Nous avons eu à faire notre campagne dans les pire conditions. Il était très difficile de faire passer un message nuancé. Nous jugeons toujours que la loi HPST est une bonne loi sur le fond, mais que c’est la manière dont elle a été appliquée qui a été catastrophique. De plus, le contexte financier difficile accentue le rejet. Le fait d’être assimilé à la loi HPST ne nous a pas été bénéfique. »
Quoi qu’il en soit, les prochains mois vont permettre d’observer comment s’opère la répartition des rôles et comment s’établissent les rapports de forces au sein des CAPN, mais surtout dans les nouveaux CCN. En particulier chez les directeurs d’hôpitaux où les deux syndicats sont au coude à coude. Si le Syncass se dit près à assumer son nouveau leadership (lire ci-contre), le SMPS rappelle qu’il reste majoritaire chez les directeurs d’hôpitaux et qu’il n’entend pas faire profil bas.
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