À la veille des législatives, les questions de société sont revenues ces derniers jours sur le devant de la scène. Interrogé en début de semaine sur une radio locale chrétienne des Pays de la Loire, le Premier ministre s’est expliqué sur les projets du gouvernement concernant la fin de vie. Quelques jours plus tard, le même Jean-Marc Ayrault opposait un RAS laconique aux propos de sa nouvelle ministre de l’Aménagement du Territoire, Cécile Duflot ayant rappelé le choix des Verts en faveur d’une dépénalisation du cannabis. De ces deux épisodes, on retiendra la confirmation que le gouvernement est bien décidé à faire bouger les lignes sur les questions de société, mais sans donner pour autant le moindre signal de laxisme. Rien a priori qu’on ne savait déjà, même si l’on peut s’étonner de réponses si différentes sur deux sujets qui concernent, peu ou prou, toutes les familles.
Sur la légalisation des drogues douces, Hollande a dit non pendant la campagne, et son ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, trois fois non. On peut comprendre ce niet de principe comme la nécessité de ne rien lâcher sur les interdits de base, un domaine sur lequel la gauche craint toujours de prêter le flanc à la critique. Reste que la politique de l’autruche n’est pas forcément bonne conseillère. Face à ce qui est devenu un phénomène de consommation de masse, la vieille loi de 1970 paraît bien inadaptée. Et à la vérité en grande partie inappliquée… Mais il y a plus préoccupant au plan de l’efficacité?: difficile, en effet, de mettre en place une stratégie de santé publique cohérente, tant que le « joint » sera considéré comme hors-la-loi.
Sur la fin de vie, la nouvelle majorité est bien plus audacieuse. L’objectif est d’accorder un « droit de mourir dans la dignité », sorte de suicide médicalement assisté pour les cas désespérés. Pas question toutefois d’employer le mot euthanasie. Le gouvernement veut juste « perfectionner la loi Léonetti», selon le Premier ministre, qui assure que, sur un sujet aussi grave, il y aura une vaste concertation. Il faut l’espérer. À défaut, le gouvernement risque de se trouver pris entre deux feux. Il pourra certes surfer sur les militants de cette cause, sur une opinion plutôt acquise et sur la relative neutralité du corps médical. Mais il risque de se heurter assez vite à l’opposition des professionnels des soins palliatifs. Ces derniers viennent de réclamer des Etats généraux de la fin de vie sous l’égide du Comité National d’Ethique. Pourquoi pas ?
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