Les adolescents (de 11 à 20 ans) se portent bien, heureusement, et s'ils représentent plus de 13 % de la population française, ils ne constituent que 8 % des consultations des médecins. Le CREDES (Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé) en fait le constat à partir de données portant sur l'année 1998 : l'enquête CREDES sur la santé, les soins et la protection sociale, et l'enquête permanente d'IMS Health sur la prescription médicale des libéraux.
S'ils déclarent en moyenne, le jour de l'enquête, 1,6 affection (0,8, sans compter les problèmes dentaires et les troubles de la vue), les adolescents se jugent globalement en bonne, voire excellente santé (82 % des garçons et 73 % des filles) ; seul un sur cent se considère en très mauvaise santé. Les affections déclarées sont généralement bénignes : 46 % ont des caries, 18 % sont myopes, 9 % ont des problèmes d'acné. Mais 7 % ont de l'asthme. Les filles se plaignent plus souvent de céphalées ou de migraines (10 % contre 4 % des garçons).
Les troubles déclarés ne sont pas nécessairement ceux pour lesquels on consulte. Les affections ORL nécessitent souvent une prise en charge par le médecin : déclarées par 11 % des jeunes, elles sont responsables d'un quart des consultations. Suivent les recours au praticien pour « motifs administratifs et sociaux, prévention et contraception » (19 %) puis les maladies de la peau (11 %).
L'adolescence est la période où le recours au médecin libéral est le moins fréquent. Dans la majorité des cas (70 %), c'est un généraliste qui est consulté et 8,3 % des actes de généraliste concernent des adolescents, contre 7,4 % pour les spécialistes. Chez ces derniers, on observe de grandes variations selon la spécialité : les dermatologues voient beaucoup d'adolescents (119 % de leurs actes), les ophtalmologues et les pneumologues également (11 %) ; en revanche, les pédiatres voient peu les 11-16 ans (moins de 5 % des séances).
A bonne santé, faible consommation de médicaments : en un mois, 23 % des adolescents seulement ont acquis un médicament (le taux de consommateurs de pharmacie, qui est de 34 % pour les enfants, diminue fortement à l'adolescence pour ensuite augmenter très régulièrement et atteindre 63 % chez les personnes âgées de 60 ans et plus).
Lorsqu'ils vont voir un médecin, la consultation est suivie d'une prescription dans trois quarts des cas (72 % pour les garçons et 77 % pour les filles), plus souvent chez le généraliste (84 %) que chez le spécialiste (52 %). L'ordonnance comporte en moyenne 2,4 médicaments, principalement des anti-infectieux (les antibiotiques, près du quart des séances) et des produits de l'appareil respiratoire (38 % d'antitussifs et 30 % d'anti-infectieux décongestionnants rhinologiques).
Comme leurs parents
En fait, il n'y a pas de recours aux soins types chez les adolescents. Selon les auteurs de l'étude (Laurence Auvray et Philippe Le Fur), les jeunes reproduisent plutôt le comportement de leurs parents, celui-ci étant très lié au milieu social et aux revenus. Dans les milieux ouvriers, par exemple, on va moins voir le dentiste, alors qu'on a plus souvent des caries, et on recourt moins au spécialiste.
Ce que confirme également l'étude, c'est la rareté des consultations pour troubles psychiques ou psychologiques, alors que ces troubles, somatisés ou non, sont fréquents à cet âge et que le suicide est la deuxième cause de mortalité des jeunes. Les troubles mentaux ou du sommeil ne motivent que 6 % des séances, les états dépressifs 1,4 % des séances pour les filles et 0,8 % des séances pour les garçons. Les auteurs de l'étude font l'hypothèse que derrière les recours pour des pathologies bénignes se cache probablement une demande d'aide : « Le symptôme n'est alors que prétexte, et le médecin doit saisir cette opportunité pour tenter d'aider l'adolescent à résoudre son mal-être », concluent-ils.
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