RIEN DE PLUS difficile, pour une pièce de théâtre qui puise une partie de son inspiration dans la société de son temps, que de réapparaître quelques années plus tard. Parfois, certaines répliques semblent fanées, car on ne comprend plus ce à quoi elles se réfèrent, les sous-entendus d’actualité sont sans résonance, les plaisanteries tombent à plat… Rien de cela ne survient avec la comédie rosse et spirituelle de Jean-Marie Besset, « Ce qui arrive et ce qu’on attend ». Patrice Kerbrat l’avait créée avec une superbe distribution et on ne l’oublie pas, mais dans la version qu’Arnaud Denis propose aujourd’hui, on est saisi par la tenue et la justesse du propos.
Il y a du Becque dans ce Besset-là, même s’il s’encombre un peu de sentiments, de tentations sexuelles complexes et qu’il ne fait pas la part vraiment belle aux deux rôles de femmes de la pièce. Le spectacle est vif, plaisant, très drôle et on croirait le propos composé très récemment ! Un concours d’architecture a été organisé pour édifier un monument sur la lune. Un jeune architecte se fait piquer son projet par un cabinet très connu. Une dessinatrice l’a trahi. En même temps, il retrouve des amis d’autrefois, il est troublé. Les aiguilles du désir s’affolent.
C’est très bien tricoté. Même coupé, ça tient le coup. C’est bien joué. Avec les partis pris du jeune Arnaud Denis (il a 26 ans), qui joue les dandys faussement nonchalants avec intelligence, tout va très vite. Virginie Pradal, sous perruque brune à la Crazy Horse, s’amuse, autoritaire et volcanique directrice de l’architecture, tandis que Blanche Leleu parvient à donner de la densité, par sa présence même, au personnage de la jeune femme qui ne saisit pas immédiatement les donnes d’un jeu faussé. Son mari, le jeune architecte, est interprété avec une sûreté de trait sans faiblesse par Adrien Melin. Face à lui, dans la partition du tricheur sûr de lui, Jean-Pierre Leroux est très bien. Le tout jeune Jonathan Max-Bernard, belle présence, manque un peu de métier mais devrait vite se caler, bien entouré qu’il est. N’oublions pas l’huissier de tout ministère, Niels Adjiman.
Bref, un très bon travail, une soirée divertissante, drôle, méchante et l’affirmation d’un écrivain, toujours !
Vingtième Théâtre (tél. 01.43.66.01.13), du mercredi au samedi à 19 h 30, dimanche à 15 heures. Durée 1 heure 30. Jusqu’au 23 octobre.
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