Le constat de l’Ordre est sans appel, même si, a priori, il ne devrait pas trop nous surprendre. Voilà en effet plus de dix ans que le premier rapport Berland a tiré le signal d’alarme sur la crise de la démographie médicale… À lire l’Atlas dévoilé hier par le président Legmann, on est pourtant stupéfait par l’ampleur de l’hémorragie. Jugez plutôt : en cinq ans, les effectifs de médecins généralistes ont fondu de 5 %. Et les coins reculés n’ont pas l’exclusivité de la déprime, puisque la quasi-totalité des départements de l’Hexagone participe à cette spirale déflationniste.
Ça ne fait d’ailleurs que commencer. La profession devrait perdre au moins 4 000 praticiens à l’horizon 2017. L’Ordre a d’ailleurs identifié 35 départements qui ont le triste privilège de cumuler moins de 10 % de praticiens de moins de 40 ans et plus de 30 % de confrères de plus de 60 ans. Pas besoin de vous faire un dessin : ces circonscriptions dans lesquelles figurent les rurales Creuse, Sarthe ou Nièvre, mais aussi Paris et les Yvelines, vont aborder la fin de la décennie dans les pires conditions… Si vous avez (encore) un peu de temps, on ne saurait trop vous conseiller d’aller jeter un coup d’œil sur les tableaux, les cartes et les graphiques dévoilés cette semaine. Plus que n’importe quel discours, ils en disent long sur les servitudes du métier en 2012 et sur le ras-le-bol qui déteint sur les jeunes censés prendre la relève…
Dans ce contexte, on a envie de conseiller aux pouvoirs publics de clore très vite le feuilleton des dépassements pour prendre à bras-le-corps le dossier des déserts médicaux. Il est peut-être encore temps. Cette semaine, une étude du ministère de la Santé montre que pas un Français n’est à plus d’un quart d’heure du cabinet d’un généraliste, mais ses auteurs suggèrent que, faute de disponibilité des professionnels, c’est parfois beaucoup plus qu’il faut faire... Le gouvernement se fait fort de recruter bientôt de jeunes médecins dans les déserts médicaux. Tant mieux. Mais a-t-il vraiment pris la dimension du problème ? 200 contrats, ce n’est pas beaucoup. Et l’idée d’un revenu garanti pour les impétrants, tombe un peu à côté du sujet. C’est vrai, par les temps qui courent, Marisol Touraine fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a. Mais, clairement, il va falloir mettre davantage de moyens pour sortir la médecine générale de l’ornière. L’accessibilité aux urgences – qui mobilise tant l’avenue de Ségur actuellement – ne
doit pas faire oublier une offre de soins
primaires en déshérence.
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