A Paris, Charles Matton à la MEP

Boîtes à magie

Publié le 18/07/2007
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DE CHARLES MATTON, peintre, sculpteur, photographe, décorateur de théâtre, scénariste et réalisateur, on connaît les fameuses « boîtes », reconstitutions de lieux à échelle réduite, qui recréent le réel avec un scrupuleux souci d'exactitude. Le philosophe Jean Baudrillard, à qui l'exposition rend d'ailleurs hommage, qualifiait les boîtes de Matton d'« espaces miniatures ». Cet artiste nous fait pénétrer dans ses boîtes, tranches d'existences capturées, qui laissent l'oeil entrer dans la chambre d'Anna Freud à Vienne, le grenier de Leopold von Sacher-Masoch, la salle de bains de Mariefried en Suède, ou la chambre de Paul Bowles à Tanger… Ces intérieurs sont remplis d'une foule d'objets, de références, de clins d'oeil, de jeux de miroirs, de détails qui attisent la curiosité… L'exposition est complétée par des photos prises par Matton de ses boîtes, magnifiques tirages de grands formats qui sont une exploration nouvelle de la démarche de l'artiste. Dans ces « boîtes à leurres », l'illusion est parfaite. A scruter pendant longtemps l'atelier de Francis Bacon, l'on s'attend que ce dernier surgisse de derrière un meuble, ou bien que Sigmund Freud apparaisse dans l'embrasure de la porte du fond de son cabinet, ou que quelqu'un emprunte le grand escalier du loft... Des oeuvres «absolument criantes de présence (…) , aussi vivantes que la vie même», comme l'écrivait Michel Leiris à propos de Bacon. Il aurait pu en dire autant de celles de Matton.

Maison européenne de la photographie, 5/7, rue de Fourcy, Paris 4e. Tlj sauf lun et mardi, de 11 h à 20 h. Entrée : 6 euros (TR : 3 euros). Tél. 01.44.78.75.00. Jusqu'au 30 septembre. La MEP proposera une programmation consacrée aux films de Charles Matton du 2 au 30 septembre. Chaque dimanche, de 16 h à 19 h 30, trois de ses films de fiction seront programmés en alternance à l'auditorium Bernard-Pierre Wolff (« la Pomme ou l'histoire d'une histoire », « l'Italien des roses », « la Lumière des étoiles mortes »).

> DAPHNÉ TESSON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8202