LA DIARRHÉE est définie par un volume de selles supérieur à 350 ml/24 heures, rappelle le Pr Bruno Marchou. Plus simplement, ce sont des selles liquides et abondantes. La diarrhée du voyageur est le plus souvent bénigne et rapidement résolutive. Il s'agit d'une diarrhée aqueuse cholériforme sans fièvre. Elle touche entre 20 et 50 % des voyageurs dans les pays en développement.
Néanmoins, dans 5 à 10 %, c'est une diarrhée invasive avec fièvre et syndrome dysentérique. La diarrhée du voyageur survient le plus souvent au cours de la première semaine du séjour et guérit spontanément en 3 à 5 jours. Elle est d'origine bactérienne dans 50 à 80 % des cas, Escherichia coli entéropathogène, notamment entérotoxinogène, Campylobacter jejuni, Salmonella enterica sérotype non typhi, Shigella), virale dans 5 à 25 % des cas et parasitaire dans moins de 10 % des cas.
La prévention passe par l'information et la responsabilisation des voyageurs. Il faut qu'ils comprennent que le risque tient à ce qu'ils mangent et à ce qu'ils boivent. Le slogan choc « Boil it, cook it, peel it or forget it. » résume bien la problématique : éviter les crudités, ne manger que des fruits épluchés, se méfier des glaçons et des buffets froids… Ces conseils semblent évidents et pourtant, en pratique, 80 % des voyageurs avouent ne pas les avoir suivis. Il n'est donc pas inutile de les rappeler, tout comme le respect d'une scrupuleuse hygiène des mains et, bien entendu, la nécessité de ne consommer que de l'eau en bouteille capsulée ou de l'eau purifiée (voir encadré).
En raison du risque d'émergence de résistances bactériennes, la chimioprophylaxie n'est pas recommandée, sauf dans certaines conditions : patient immunodéprimé, gastrectomie ou hypochlorhydrie (inhibiteurs de la pompe à protons), entéropathie inflammatoire, mais aussi, précise le Pr Marchou, en cas de voyages « importants » (diplomates, hommes d'affaires…).
Il convient donc dans la majorité des cas de proposer au voyageur un autotraitement fondé sur la réhydratation avec sachets de réhydratation orale pour les enfants et antisécrétoires et/ou ralentisseurs du transit, en sachant que le lopéramide est contre-indiqué chez l'enfant de moins de 30 mois et en cas de diarrhée invasive. Une antibiothérapie doit y être associée si la diarrhée est invasive ou si des selles cholériformes persistent plus de 24 heures.
Elle fait appel aux fluoroquinolones, ou plus précisément à la ciprofloxacine ou à la lévofloxacine, les seules ayant une AMM dans cette indication. L'azithromycine (hors AMM) peut constituer une alternative en cas de contre-indication. Une monoprise suffit dans les diarrhées acqueuses non fébriles. En cas de diarrhée invasive avec fièvre, la durée du traitement antibiotique est de 3 à 5 jours selon la sévérité des symptômes.
D'après un entretien avec le Pr Bruno Marchou, service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Purpan, Toulouse.
Traitement de l'eau de boisson
L'eau du robinet doit être soit bouillie (pendant 1 minute à gros bouillons), soit désinfectée chimiquement par un agent chloré : DCCNa (Aquatabs, Micropur DCCNa), dioxyde de chlore (Micropur express, Aquamira, Pristine), hypochlorite de calcium (associé avec l'ion argent dans Micropur Forte) ou chloramine T (Hydroclonazone).
On peut aussi avoir recours à un agent iodé (alcool iodé à 2 %, 5 gouttes par litre pendant 30 minutes, Globaline, Potable Aqua, Polar pure), ces produits sont contre-indiqués chez la femme enceinte et en cas de pathologie thyroïdienne. Autre possibilité : l'utilisation d'un système générateur de rayons ultraviolets (Steripen) ou des filtres portables, qui arrêtent les parasites et les bactéries, mais pas les virus.
Trois paramètres
– La destination : situation sanitaire et politique du pays, saison, zones visitées.
– Le voyage : moyens de transport, organisé ou à l'aventure, conditions de logement, activités.
– Le voyageur : âge, grossesse, statut immunitaire et notamment vaccinal, morbidités.
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