DE NOTRE ENVOYE SPECIAL A INGELHEIM
AVEC un chiffre d’affaires net en augmentation de 17 % sur l’année 2005 soit 9,5 milliards d’euros, la firme pharmaceutique allemande Boehringer Ingelheim poursuit sa période de croissance annuelle à deux chiffres. D’après la société de statistiques américaine, IMS, spécialisée dans le domaine pharmaceutique, elle a connu la plus forte hausse de profits parmi les majors du secteur, affichant un taux de croissance de 23 %, alors que la moyenne du marché a tourné autour de 6 % en 2005. Des résultats qui permettent au laboratoire d’occuper aujourd’hui la 14e place dans le panthéon des plus grands laboratoires mondiaux.
Bien qu’un monde le sépare encore largement des résultats des huit plus grands groupes de la planète, la tendance vers un rééquilibrage progressif du marché pharmaceutique se poursuit. Alors que certains grands laboratoires traversent une période moins heureuse, les plus grandes progressions annuelles concernent généralement les laboratoires de moyenne envergure.
Bénéficiant de résultats d’exploitation eux aussi en forte hausse, Boehringer Ingelheim garde une marge importante de près de 20 %. «Un niveau de rentabilité qui était au début de la décennie réservé aux groupes leaders», souligne le Dr Alessandro Bianchi, président de la firme allemande.
L’année 2005 aura donc été positive dans les trois secteurs d’activité pharmaceutique de l’entreprise, avec 7,2 milliards d’euros pour les médicaments de prescription (+ 17 %), 1,1 milliard d’euros pour les produits de médication familiale (+ 8 %) et 360 millions d’euros dans le domaine de la Santé Animale (+ 8 %).
Certains produits ont joué un rôle décisif dans la croissance de l’entreprise en 2005. C’est le cas de Spiriva, médicament pour le traitement des infections respiratoires qui fut le plus vendu de la firme dans le monde en 2005 avec un chiffre d’affaires de 950 millions d’euros. Dépassant la barre symbolique du milliard de dollars, ce produit entre d’ailleurs officiellement dans la catégorie des « blockbusters », c’est-à-dire les produits qui dépassent ce niveau.
D’autres spécialités ont réalisé l’année dernière de bonnes performances, à l’instar de Micardis pour le traitement de l’hypertension artérielle, en qui le laboratoire voit déjà son prochain blockbuster potentiel avec une augmentation des ventes de près de 30 % en 2005 pour un revenu global de 720 millions d’euros. Parmi les têtes d’affiche de son catalogue produits, à noter la forte progression enregistrée par le Sifrol (distribué sous le nom de Mirapex outre-Atlantique), avec 420 millions d’euros de revenus pour une progression de 50 % en 2005.
Par ailleurs, Boehringer Ingelheim semble avoir profité de sa bonne dynamique actuelle pour accentuer ses efforts en recherche/développement et études cliniques qui jouent un rôle central dans la stratégie de l’entreprise. En 2005, plus de 1,4 milliard d’euros ont été investis en recherche et développement, soit 10 % de plus que l’année précédente.
L’avenir des biotechnologies.
Cette bonne santé financière, Boehringer Ingelheim la doit en grande partie à son secteur d’activités industrielles comprenant la chimie, dont les produits sont fabriqués pour des tiers. Avec une hausse des ventes de l’ordre de 30 % en 2005, soit 850 millions d’euros, le secteur industriel a largement contribué au chiffre d’affaires net du groupe allemand.
Le domaine des biotechnologies de l’entreprise se révèle, lui aussi, particulièrement dynamique, avec un chiffre d’affaires en hausse de 40 % par rapport à l’année dernière avec 550 millions d’euros. Dans ce domaine, et malgré de nombreux efforts d’investissements, Boehringer Ingelheim entend demeurer dans le rôle du sous-traitant en offrant à ses clients une chaîne complète de production allant du développement du principe actif à l’enregistrement du produit.
Ce bilan annuel a été l’occasion pour le Dr Alessandro Bianchi de commenter le récent projet de fusion entre les deux laboratoires allemands Bayer et Schering qui formeraient la plus grande entité germanique. «Les récents événements survenus en Allemagne avec le rapprochement de deux de nos concurrents nous montrent que le processus de consolidation tend à se poursuivre encore aujourd’hui dans l’industrie pharmaceutique. Nous observons le développement du marché tout en maintenant une distance appropriée vis-à-vis de ces processus», a-t-il déclaré .
Une aspiration à l’indépendance qui demeure un des principes de l’entreprise, comme le souligne le Pr Marbod Muff, responsable financier du groupe. «Boehringer Ingelheim est toujours resté une compagnie de propriété familiale depuis sa création en 1885. Nous avons toujours assuré notre développement à travers nos propres ressources et nous envisageons clairement de continuer dans le cadre de cette politique dans le futur», explique-t-il. Les liquidités, «un des piliers importants de l’indépendance de l’entreprise», ont d’ailleurs augmenté de 45 % en 2005 avec plus de 2 milliards d’euros.
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