Bob Marley : le père du reggae moderne

Publié le 06/05/2001
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JAZZ/ROCK
Par Didier Pennequin

B OB MARLEY a été un personnage mythique, en dehors des grands courants musicaux comme le jazz, le rock ou la pop-music et bien avant l'arrivée des musiques du monde. Prophète du reggae, super idole née dans un pays pauvre - la Jamaïque -, gourou musical dont s'inspirent encore aujourd'hui les générations nouvelles - à l'image de Pierpoljak ou de Tonton David en France, par exemple -, Bob Marley était également un farouche défenseur des droits de l'homme et un père spirituel pour de nombreux adeptes d'une musique dont le maître-mot est la danse.

Né Robert Nesta Marley en février 1945 - d'un père blanc, Norman Marley, capitaine de l'armée anglaise, et d'une mère noire, Cedella Malcolm, fille d'un rebouteux -, le chanteur est décédé en mai 1981, des suites d'un mélanome étendu aux poumons et au cerveau.
Sa carrière commence dans les années soixante à Kingston, capitale de la Jamaïque, lorsqu'il décide de former les désormais célébrissimes Wailers, dont certains membres vont également devenir des héros du reggae moderne : Winston Hubert McIntosh, alias Peter Tosh, et Neville O'Riley Livingstone, alias Bunny Wailer. A l'origine, le groupe est spécialisé dans une musique plus proche des cantiques et de la soul music noire américaine, que du ska, la musique traditionnelle de l'île, dont le fils est le reggae.
Marié à Rita Anderson en 1966, Bob Marley part rejoindre brièvement sa mère aux Etats-Unis, avant de retrouver son île natale et une certaine mystique. En effet, le « Roi des rois », l'empereur Hailé Sélassié, d'Ethiopie, considéré comme un dieu vivant par la secte chrétienne des Rastafaris, effectue une visite historique en Jamaïque en avril 1966. Cette visite changera le cours religieux de la vie du chanteur, ainsi que son comportement physique, comme les fameuses « dreadlocks ».
Musicalement, The Wailers et leur leader enregistrent une série de tubes locaux, même si, de temps en temps, certains musiciens dont Marley sont emprisonnés pour avoir fumé du chanvre.
Il faudra attendre le début des années soixante-dix pour que le grand Bob Marley se révèle enfin au public. Anglais d'abord grâce au producteur Chris Blackwell, propriétaire du label Island, qui va découvrir et faire découvrir ces nouveaux sons venus de la Caraïbe. Mais le grand déclic commercial du reggae sera donné par un chanteur anglais emblématique de toute une époque : Eric Clapton. En 1974, le guitariste, ex-membre des Cream, surnommé « Slowhand » ou plus simplement « God », enregistre un tube de Bob Marley - « I Shot The Sheriff » (de l'album « Burnin' ») - qui fera le tour de la planète et révélera son auteur.
Le chanteur jamaïcain profitera de cette notoriété soudaine pour enregistrer la même année un véritable hymne à la femme et à l'amour, même nostalgique : « No Woman, No Cry ». Viendront ensuite toute une série de succès comme « Lively Up Yourself », « Get Up, Stand Up », « Trench Town Rock » ou encore « Stir It Up ». Désormais, la musique du prophète devient une arme et les compositions contestataires se multiplient.
En 1975 paraît « Rastaman Vibration », le plus gros succès commercial de Bob Marley de son vivant. Considéré comme « la voix des défavorisés » dans le monde, le chanteur profite de sa position dominante pour faire à la fois l'apologie du chanvre, dénoncer les injustices et attaquer verbalement les puissants.
A la fin des années soixante-dix paraissent coup sur coup, deux autres chefs-d'œuvre du Jamaïcain : « Exodus » et le double album « Babylon By Bus ». Mais Bob Marley se sait sérieusement malade. En 1980, il effectue plusieurs tournées aux Etats-Unis et en Europe et enregistre un texte prémonitoire : « Redemption Song ».
Il s'éteindra le 11 mai 1981 à Miami, en Floride, chez sa mère, entouré de ses nombreux enfants, dont Ziggy, le fils aîné, qui poursuit aujourd'hui la mémoire musicale de son père.

Dave Brubeck réédité

En France, le pianiste Dave Brubeck, qui s'est récemment produit à Paris, a toujours eu ses amateurs et surtout ses détracteurs.
Pendant de très nombreuses années, les puristes - et la critique - ont considéré sa musique comme « commerciale » et « populaire », donc loin des canons intellectuels du jazz des décennies de cinquante à soixante-dix. La raison de cette forme de répudiation : « Take Five », une composition très originale, désormais incontournable et historique, de son plus fidèle compère, Paul Desmond, et qui a fait la renommée - et la richesse - du tandem.
Le temps passant, et avec l'arrivée des différents consensus dans tous les domaines, Dave Brubeck, 81 ans, est devenu une figure emblématique du jazz. Comme d'autres octogénaires et septuagénaires encore en activité, il incarne certaines pages d'un livre d'histoire qui a tendance à se refermer.
Brillant pianiste, élevé à la fois dans le jazz et la musique classique, Dave Brubeck a atteint son apogée à partir de 1958 avec la formation de son quartette légendaire : Paul Desmond (saxe-alto), Joe Morello (batterie) et Eugene Wright (basse). Jusqu'en 1967, ces quatre musiciens vont participer à la popularisation du jazz et faire exploser les ventes. C'est cette période que les récentes rééditions Columbia (Sony Music) permettent de redécouvrir.
Au programme, quatre albums remastérisés en 24 bits dont trois sont parus uniquement au Japon : « Jazz Impressions of Japan » (1964), dans lequel on retrouve le quartette autour d'une musique inspirée par le pays du Soleil-Levant ; « The Dave Brubeck Quartet at Carnegie Hall » (1963), un double CD comprenant, outre les tubes du groupe, des reprises de standards du jazz ; « Vocal Encounters », qui est un florilège de rencontres, dont deux inédites, entre des vocalistes - Louis Armstrong, Peter, Paul & Mary, Carmen McRae, Jimmy Rushing, Tony Bennett, etc. - et le pianiste ; et enfin, « Red, Hot and Cool » (1955), un CD comprenant cinq titres inédits et un quartette où seul figure déjà Paul Desmond. Chacun de ces disques est agrémenté d'un texte de pochette du leader lui-même.

BLOC-NOTES

George Gruntz

Pianiste, compositeur et arrangeur suisse, George Gruntz, 67 ans, est aussi un des grands chefs d'orchestre à poursuivre un travail important à la tête d'une machine toujours impressionnante. Son « Jazz Band 2001 » rassemble aujourd'hui plusieurs pointures du jazz moderne - notamment Jack Walrath (trompette), David Bargeron (trombone), Larry Schneider (saxe) ou Howard Johson (tuba), etc. - qui donnent encore plus d'ampleur à la tâche entreprise par le leader dans le domaine de la composition et de l'arrangement.

Paris, Maison de Radio-France (01.56.40.15.16), 12 mai, 17 h 30.

Andouma

Andouma est un trio composé de Lydia Domancich (piano), Aïssata Kouyaté (chant et danse), originaire de Guinée, et Pierre Marcault (percussions), qui existe depuis maintenant deux ans, et a fondé tout son travail musical sur l'échange, à travers des compositions originales. Les racines de cette formation sont multiples - jazz, Afrique, musique contemporaine - et la musique particulièrement subtile.

Paris, La Maroquinerie (01.40.33.30.60), 11 mai, 20 h 30.
CD : « Andouma » (Gimini Music/Harmonia Mundi).

The Voice Messengers

Les Voice Messengers sont une formation vocale française composée de quatorze chanteurs et chanteuses, accompagnés par un trio jazz piano-basse-batterie, dont la particularité est de travailler surtout sur des compositions originales. Pour leur retour sur une scène parisienne, ils ont choisi d'inviter à tour de rôle quelques jazzmen de renom : Glenn Ferris (trombone), Antoine Hervé (piano), Steve Lacy (saxophone-soprano) et Jean-Loup Longnon (trompette).

Paris, Auditorium Saint-Germain (01.44.67.37.43), les lundis, mardis et mercredis du 7 au 30 mai, 20 h 30.

U. P. Wilson/Betty Lewis

Le guitariste et chanteur de blues U. P. Wilson est un enfant du Texas qui fut à l'origine du jeu de guitare du regretté Stevie Ray Vaughan, disparu voici une dizaine d'années maintenant. Quant à Betty Lewis, elle est l'une des grandes voix du r'n'b et de la soul moderne, surnommée par les amateurs la « Sam Cooke au féminin ». Deux Texans pour une sacrée musique.

Neuilly-sur-Seine, Ile-de-la-Jatte, le Quai du Blues (01.46.24.22.00), jusqu'au 19 mai, à partir de 20 h 30.

Mario Canonge

Carte blanche a été laissée au claviériste Mario Canonge pour inviter les nombreux amis et groupes avec lesquels il a travaillé depuis maintenant plus d'une dizaine d'années. On retrouvera ainsi le leader avec Kann, ensemble mythique de la culture musicale antillaise, Chic Hot, archétype du jazz métissé, ou encore en trio avec le pianiste (joueur de steel drum) Andy Narell. La fête des rythmes et de la musique joyeuse.

Paris, Sunset (01.40.26.46.60),
jusqu'au 12 mai, 21 h.

PENNEQUIN Didier

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6912