E N visite à Paris, Peter Dolan, le président de la firme américaine Bristol-Myers Squibb (BMS) n'a pas manqué de souligner l'importance de la France et de l'Europe pour le développement de l'entreprise.
Un intérêt qui ne se limite pas à une simple question de chiffre d'affaires, aussi important soit-il. Cette partie du globe réunit en effet plusieurs atouts : un marché très important et de plus en plus intégré, un tremplin vers de nombreux pays en voie de développement, sans oublier l'actualité de la recherche fondamentale et clinique. Peter Dolan ne méconnaît pas pour autant les spécificités parfois négatives du marché français : des prix déjà bas, des délais souvent longs avant l'introduction de nouvelles molécules et enfin une difficulté à faire reconnaître à son juste prix le coût de l'innovation thérapeutique. Et Peter Dolan ne cache pas que certains aspects du plan sur le médicament, présenté il y a quelques semaines par Elisabeth Guigou, font plus que l'inquiéter.
D'une façon plus générale, Peter Dolan a rappelé les objectifs que se sont fixés les responsables de BMS : doubler de nouveau la taille de la société en cinq ans, en se recentrant sur le médicament de santé grand public (la division Beauté Clairol a été récemment cédée et la division Implants orthopédiques deviendra autonome au cours des prochains mois).
Cette stratégie de croissance ne passera pas par une « mégafusion » , souligne le président de la firme américaine, mais plutôt par des acquisitions. Une déclaration qui prend son sens après que BMS a racheté DuPont Pharmaceuticals, l'un des cinquante premiers laboratoires pharmaceutiques mondiaux.
Après l'acquisition d'UPSA en France il y a quelques années, il s'agit de la première grande opération de croissance externe du groupe mais, prévient Peter Dolan, ce n'est qu'un début.
Autre élément de croissance qui sera privilégié : les opération de copromotion et de comarketing avec d'autres entreprises pharmaceutiques. BMS a déjà une longue expérience dans ce domaine : détention des licences de la pravastatine et de la medformine respectivement concédées par le japonais Sankyo et le français Lipha ; copromotion avec Sanofi-Synthélabo de l'irbesartan et du clopidogrel. Des partenariats qui, on le voit au passage, soulignent le tropisme français de BMS.
Bien entendu, la croissance de BMS reposera aussi sur la poursuite du succès des produits à fort potentiel. Aux spécialités déjà citées, il faut ajouter le Taxol et les médicaments destinés à combattre le VIH (Videx, Zerit et Sustiva, ce dernier faisant partie du portefeuille de DuPont).
Il est clair que la croissance passe prioritairement par l'accélération des activités de Recherche et Développement, BMS investissant plus de 2 milliards de dollars (15 milliards de francs environ) en R&D pour la seule année 2001. Cinquante molécules se trouvent actuellement en phase de développement actif et d'ici à la fin de l'année, une douzaine de produits devraient être en plein développement, sans parler des espoirs à court terme : l'aripiprazole dans la schizophrénie ; l'UFT, nouveau traitement du cancer colorectal lancé et présenté aux médecins européens en mars dernier. Beaucoup d'autres produits devraient suivre, en particulier dans le domaine du SIDA, de la cancérologie, de l'antibiothérapie et dans l'hépatite B. La présence importante de BMS en cardiologie devrait prochainement être renforcée par la commercialisation, il est vrai retardée, de l'omapatrilate.
L'importance de l'Europe
Lamberto Andreotti, président de BMS Europe, et Pierre Le Sourd, président de BMS-UPSA France, ont rappelé l'importance de l'Europe dans la stratégie de BMS. En fait, BMS affiche sa stratégie européenne en privilégiant une approche que Lamberto Andreotti qualifie de pan- européenne : cela signifie que le groupe désire avoir un état d'esprit à l'échelle de l'Union et pas national, pour évaluer les nouvelles possibilités. Cela passe par la création de fonctions ou d'équipes communautaires chaque fois que cela est justifié.
BMS espère donc créer des synergies, optimiser les travaux de recherche et bien sûr la productivité de l'entreprise.
Comme le souligne Pierre Le Sourd, il n'est pas neutre que le futur siège social de BMS France accueille d'ici à un an les collaborateurs de la filiale française mais aussi ceux de la division Afrique, des DOM-TOM et de la division Europe. Ce qui accroît les responsabilités de la filiale française, conclut Pierre le Sourd, au-delà même de la simple satisfaction d'être la première filiale de BMS après les Etats Unis. Cela implique aussi le renforcement de la place de BMS sur le territoire français, en privilégiant ses domaines d'excellence : la pathologie cardiovasculaire, le cancer, le SIDA et la lutte contre la douleur.
Un siège à Paris pour la France, l'Afrique et l'Europe
L'ensemble des collaborateurs de la filiale française, de la division Afrique et DOM-TOM et de la nouvelle division Europe de BMS s'installeront en septembre 2002 dans un immeuble actuellement en construction dans le quartier de Rueil-sur-Seine, à Rueil-Malmaison.
Un site pouvant accueillir au départ 850 collaborateurs avec une possible extension pour accueillir 450 postes supplémentaires.
Le maître d'uvre est Jean-Paul Viguier, architecte de renommée internationale et responsable de la conception de nombreux sièges sociaux (en particulier celui de France Télévision). Il a tenu à souligner que, tout au long du projet, il avait perçu chez les collaborateurs de BMS la volonté de concevoir ces locaux, à travers de larges échanges, afin d'assurer une efficacité et une qualité de vie maximale pour les collaborateurs. Cela aboutit à un immeuble lumineux où le vert est omniprésent, à la priorité donnée aux open spaces et à une forme, volontairement sobre, mais qui est censée symboliser la volonté de croissance du groupe : un léger arc de cercle évoquant un arc tendu.
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