CE N'EST PAS par hasard que Nicolas Sarkozy a choisi la petite commune de Bletterans (1 400 habitants) et sa maison médicale pour prononcer son discours sur la santé.
La « maison médicale des bords de Seille » qu'abrite Bletterans représente en effet l'ultime aboutissement des plus récentes évolutions de l'exercice libéral en groupe. Ce pôle de santé pluridisciplinaire, qui fonctionne depuis déjà sept ans, regroupe en son sein pas moins de sept médecins généralistes, cinq infirmières, quatre kinés, deux podologues, une psychologue clinicienne et une diététicienne, sans compter un personnel administratif d'une dizaine de personnes. Il est ouvert de 8 à 20 heures, sept jours sur sept, et dispose, outre des cabinets de consultation, de deux salles d'urgence, l'une consacrée à la chirurgie, l'autre à la médecine générale. Mais surtout, selon son concepteur, le Dr Jean-Michel Mazué, cette maison médicale est en pointe dans de nombreux domaines, que ce soit en matière de délégation de tâches, de formation continue ou encore d'amélioration des pratiques professionnelles. En formation continue, par exemple, les médecins qui y exercent se forment chaque lundi après-midi par Internet, via le réseau Skype.
Difficile situation démographique.
La structure a été créée grâce aux fonds propres des professionnels de santé qui y travaillent. Mais, autre originalité de la maison médicale, tous les professionnels de santé qui y collaborent mutualisent leur temps de travail et leurs honoraires, profession par profession. Ce qui permet aux professionnels de santé de disposer d'horaires de travail compatibles avec une vie de famille, et aux médecins de ne pas plier sous le poids des gardes. Cette structure fait partie de la Fédération des maisons de santé franc-comtoises, qui se démène pour aider les maisons de santé qui y sont affiliées à assumer leurs frais de gestion, nettement plus lourds que pour un simple cabinet. Le FIQCS (fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins) participe pour une part aux frais de gestion de la maison de santé.
L'ensemble de cette organisation permet à la maison de santé de se poser, à juste titre, en modèle de centre de soins coordonnés et pluridisciplinaires, même si certains dans le département regrettent que l'installation de la maison médicale se soit parfois faite au détriment des cabinets déjà existants.
Le président du conseil départemental de l'Ordre, le Dr Denis Baborier, ne s'y trompe cependant pas. Pour lui, cette maison médicale, située dans une zone rurale où la démographie médicale, sans être dramatique, risque de devenir à terme préoccupante, «est une structure performante, très bien organisée, qui offre une réponse aux jeunes médecins désireux de s'installer en zone rurale, mais qui ne veulent pas de l'exercice en solitaire. Quand un médecin s'en va, le remplacer n'est pas un problème». À cet égard, il est intéressant de noter que les médecins qui y exercent ont dans leur grande majorité entre 35 et 40 ans, pas plus.
On peut imaginer que Nicolas Sarkozy, dans son discours, rendra un hommage appuyé à ce mode d'exercice regroupé que Roselyne Bachelot elle-même souhaite voir se développer, puisque sa loi Hôpital, patients, santé et territoires comprend une disposition destinée à aider financièrement à la mise en place d'une centaine de ces structures.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature