LONGTEMPS espérée et plusieurs fois reportée, l’inauguration du Pavillon noir*, oeuvre de l’architecte Rudy Ricciotti, a eu lieu à Aix-en-Provence en présence des autorités politiques de la ville, du département et de la région, ainsi que du ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres. Les bâtiments, qui combinent lieux de travail et d’administration d’un centre chorégraphique national, et une scène de représentation, sont curieusement encore l’exception en France, ce qui n’est pas le cas pour les centres dramatiques ou les conservatoires de musique. On ne connaît comme exemple que les centres de Marseille et de Rilleux-la-Pape (agglomération de Lyon).
A Aix, depuis 1996 (avant, il était basé à Champigny-sur-Marne), ce CCN est dirigé par le chorégraphe français d’origine albanaise Angelin Preljocaj qui, depuis trente ans, aligne création sur création en réussissant ce qui semble impossible à tant d’autres : se renouveler constamment. Pour lui, son nouveau temple est avant tout comme une victoire pour la danse contemporaine. Beau parallélépipède de béton noir et de verre, le centre se situe dans le nouveau quartier Sextius-Mirabeau et tranche avec force dans un environnement d’immeubles assez peu élégants et sans beaucoup de dégagement possible sur sa façade principale. Heureusement, l’arrière donne sur une ancienne fabrique d’allumettes, bâtiment historique et, sur la façade latérale, le chantier du nouveau grand théâtre de Provence laisse présager dans un futur très proche (été 2007) un aménagement plus avenant.
Un théâtre de 378 places.
Construit sur trois niveaux, le bâtiment, dont l’originalité est d’avoir les structures de poutres porteuses extérieures et visibles – ce qui n’a pas fait l’unanimité dans la ville d’Aix plutôt tournée vers son héritage du XVIIIe siècle –, possède un rez-de-chaussée dédié à l’accueil et à l’administration en bureaux paysagers du plus bel effet, et à un théâtre de 378 places avec une scène de 16,50 x 14,50 m. Dans les étages, on trouve quatre studios de danse de taille différente et adaptés à tous les exercices possibles, et toutes les pièces – foyers, vestiaires, ateliers – nécessaires à la danse. Une très belle terrasse domine l’ensemble, mais, pour y accéder, il faudra attendre que les législations nationales en matière de sécurité aient quelque cohérence.
La lumière est omniprésente, trop presque, compte tenu de la chaleur de l’été, mais de grands rideaux noirs peuvent isoler les studios du monde extérieur. Alors, moderne, néomoderne, postmoderne, peu importe, on est ici dans la convivialité et le fonctionnel. Ajoutons que le Pavillon noir sera aussi un centre de formation pour les stagiaires du programme européen Dance (Danse Apprentice Network Across Europe) lancé en septembre 2005 sous la direction artistique de Forsythe, McGregor, Flamand et Preljocaj. Pour inaugurer le Pavillon noir, Preljocaj, qui a à son actif trente-cinq chorégraphies (trois sont au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris), dont « Roméo et Juliette » (Lyon 1996), « le Parc » (Paris 1994), « le Sacre du printemps » (Berlin 2001), « Noces » (Créteil 1989), « la Stravaganza » (New York 1997) sont les oeuvres phares, a choisi l’une de ses plus récentes créée au Festival Montpellier Danse en 2005 : « les Quatre Saisons » sur les célébrissimes concertos pour violon de Vivaldi. Véritable spectacle en apesanteur, dans un décor très original du plasticien Fabrice Hyber, il donne l’impression d’être dans un jardin féerique peuplé d’ours en string et en combinaison de plastique transparent, de grenouilles « fluo » très impressionnantes dans leur échelle humaine, d’un homme-éponge et, clou de la soirée, de deux porcs-épics surdimensionnés déployant leur dos et leurs aiguilles avec une grâce immense.
Le public d’Aix-en-Provence et les officiels ont réservé un accueil triomphal aux douze danseurs du Ballet Preljocaj au terme de cette journée inaugurale qui s’achevait par une fête très sophistiquée et riche en surprises chorégraphiques, à laquelle participaient de nombreux artistes d’animation de hip-hop et de danse orientale.
Tél. 04.42.95.48.00 et www.preljocaj.org. Prochains spectacles : centre chorégraphique de Grenoble (Des gens qui dansent) les 10 et 11 novembre ; Système Castafiore le 7 décembre ; Ballet Preljocaj (Empty moves [part I] – Noces) les 21 et 22 décembre.
*530, avenue Mozart, 13627 Aix-en-Provence.
Tél. 04.42.93.48.00.
Site Internet : www.preljocaj.org.
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