Avec le départ de Frédéric Van Roekeghem, c’est toute une époque qui s’achève à la Cnamts. Pourtant, malgré (ou peut-être à cause) d’un héritage qu’on peut considérer comme fructueux, le défi sera diablement compliqué à relever pour son successeur. Ne serait-ce que parce qu’il n’est jamais simple de succéder à un monument. Celui qui était le directeur de cabinet de Philippe Douste-Blazy aura en effet incarné la Sécu pendant dix ans. Lorsqu’il débarque à la Cnamts à l’automne 2004, le C est encore à 20 euros et la rémunération des médecins libéraux se résume pour l’essentiel au paiement à l’acte. On reste encore sur les stigmates du plan Juppé, avec une partie du corps médical sans convention et une instabilité juridique importante qui voit le conseil d’État, démolir, décision après décision, ce qui reste de convention…
« Rocky » démarre de (presque) rien et invente tout, doté, il est vrai, d’un statut sur mesure qu’il a dessiné pour lui et qui lui donne des pouvoirs et une longévité qu’aucun DG de la Cnamts n’a jamais eu avant lui. Très vite, il mettra en place le parcours de soins et le médecin traitant, une petite révolution pour la médecine libérale. La diversification des modes de rémunération, c’est encore lui, avec l’invention des forfaits et surtout, son bébé, la rémunération à la performance, qu’il réussit à faire accepter à des syndicats réticents. Il restera enfin comme celui qui s’est attaqué à l’inflation des dépassements. L’idée n’est pas de lui, mais de Marisol Touraine. Et le résultat mitigé. Mais c’est lui qui a trouvé l’accord et ça restera comme une première, depuis le gel du secteur 2 en 1990, pour mettre un peu d’ordre dans l’anarchie tarifaire…
Nicolas Revel, fraîchement désigné mercredi comme nouveau taulier, va devoir imprimer sa marque pour transformer l’essai. Cet énarque quitte tout juste l’Élysée et a pour lui d’avoir fonctionné en tandem avec l’actuel ministre de l’Économie, Emmanuel Macron. Des atouts qui ne seront pas de trop car, pour le reste, il connaît peu la santé et fait son entrée à la Cnamts face à un corps médical libéral remonté comme une pendule et sans marge financière pour mettre les toubibs de son côté. À preuve : la négociation sur le travail d’équipe qui vient d’échouer pour ces deux raisons. Sa première mission - ô bonheur ! - sera d’en démêler les écheveaux. Ajoutons qu’il va devoir compter avec des ARS aux pouvoirs renforcés par la réforme Touraine. Ces préfets sanitaires que son prédécesseur avait si bien su cantonner…
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