Dans la droite ligne des avis émis par l’AFSSA depuis 2008 sur le bisphénol A (BPA), l’ANSES rend public ce mardi deux rapports qui font le point sur les effets sanitaires du produit, en incluant les études scientifiques les plus récentes. Avec ces nouvelles publications, la position de l’agence vis-à-vis du BPA a évolué : l’analyse de la littérature internationale met en évidence des effets sanitaires « avérés chez l’animal et suspectés chez l’homme », et ce - grande nouveauté dans les conclusions de l’ANSES - « même à de faibles niveaux d’exposition ».
Chez l’animal, des effets sur la reproduction, la glande mammaire, le métabolisme, le cerveau et le comportement sont mis en évidence par la somme d’études scientifiques actuellement disponibles. Chez l’homme, des effets sur la reproduction, le métabolisme des sucres et des graisses, ainsi que des pathologies cardio-vasculaires restent notamment suspectés. L’ensemble de ces effets ont été constatés « à des doses notablement inférieures aux doses de référence utilisées à des fins réglementaires », particulièrement « lors de certaines périodes de la vie correspondant à des périodes de susceptibilité aux effets du bisphénol A (grossesse, périodes pré- et postnatale) ».
Réglementation européenne.
Pour Marc Mortureux, directeur général de l’ANSES, « le travail d’expertise autour du BPA n’est pas fini ». Il reste encore beaucoup à faire avant d’aboutir à « une véritable évaluation du risque » pour la santé. L’agence considère aujourd’hui « disposer suffisamment d’éléments scientifiques pour identifier d’ores et déjà comme objectif prioritaire la prévention des expositions des populations les plus sensibles », à savoir les nourrissons, les jeunes enfants et les femmes enceintes et allaitantes.
Pour l’ANSES, le principe de précaution impose de réduire l’exposition au BPA de ces populations identifiées comme à risque en mettant prioritairement en place des moyens de substitution du bisphénol A dans les matériaux au contact des denrées alimentaires.
Souhaitant avancer sur ce dossier, l’agence lance un appel aux industriels afin de recueillir d’ici à la fin du mois de novembre, « toute donnée scientifique concernant (…) les produits de substitution disponibles et les données relatives à leur innocuité et leur efficacité ». Ouverte jusqu’au 30 novembre, cette consultation précédera l’élaboration de nouvelles recommandations attendues début 2012. L’ANSES va par ailleurs transmettre ses travaux sur le bisphénol A aux instances européennes (EFSA, ECHA…) « en vue d’examiner la pertinence d’une révision des doses de référence utilisées à des fins réglementaires ».
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