« C'est la même chose qu'avec le SIDA, avait lancé, lundi dernier, Bernard Kouchner, lors de son point de presse sur le plan Biotox (volet santé publique du plan Vigie pirate) : la réponse doit être collective et non pas parcellaire (par Etat). » Convaincu de cette nécessité, le ministre délégué à la Santé a donc plaidé pour la mutualisation des moyens, à l'occasion de la rencontre d'Ottawa, un sommet consacré à la lutte contre le bioterrorisme, qui a réuni les ministres de la Santé de sept pays industriels (Etats-Unis, Canada, France, Mexique, Grande-Bretagne, Allemagne et Japon).
« Le terrorisme, particulièrement le bioterrorisme, est un problème international », ont-ils tous estimés dans leur communiqué final.
La coopération entre les Etats revêt déjà diverses formes. Le ministre canadien de la Santé, Allan Rock, a ainsi déclaré que son gouvernement négocie avec les Américains en vue de la constitution d'un stock commun de vaccins antivarioliques.
La coopération internationale devrait aussi, selon les sept, s'appliquer à la production des antibiotiques, au dialogue régulier sur la recherche-développement, notamment en matière vaccinale et la surveillance épidémiologique, en liaison avec l'Organisation mondiale de la santé (voir l'article de notre correspondant) .
« Dans tous les domaines de la recherche, du développement et de la production où on sait que la coopération et la mise en commun des moyens des différents pays peuvent accélérer la marche des choses, il faut que la mutualisation des moyens prime sur la compétition scientifique et économique », explique-t-on Avenue de Ségur.
C'est dans cet esprit que le Pr Lucien Abenhaim, directeur général de la Santé, a instauré des réunions régulières, tant avec des chercheurs qu'avec des industriels (lire l'entretien ci-dessous).
Les différents acteurs s'y montrent, semble-t-il, réceptifs, à l'instar du Dr Robert Sebbag, porte-parole d'Aventis-Pasteur. « Sur la variole, par exemple, nous avions arrêté tous les travaux après l'éradication de la maladie, explique-t-il, et nous ne pouvons relancer des recherches avec les moyens appropriés que dès lors que les autorités sanitaires nous y engagent. De même, nous attendons leur réaction pour aller plus avant dans la fabrication d'un sérum équin d'antitoxine botulique que nous avons mis au point. »
Les rencontres à la DGS ou à l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) devraient donc se prolonger bientôt au plan européen et impliquer pouvoirs publics, chercheurs et industriels. Bernard Kouchner propose même une vision plus large : l'alliance internationale pour combattre le danger du bioterrorisme devrait, selon lui, s'élargir encore pour inclure les pays en développement. Un élargissement qui pourrait être effectif dès la prochaine réunion des ministres de la Santé qui se déroulera prochainement à Londres, à une date qui n'a pas encore été arrêtée.
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