Après les quelque 500 000 agents des services de santé et de secours, c'est l'ensemble de la population américaine qui pourrait faire l'objet d'une vaccination antivariolique obligatoire dans les prochaines semaines. Publiée par le « New York Times » sans faire l'objet d'aucun démenti par les autorités fédérales, l'information semble marquer un revirement de la doctrine sanitaire américaine.
A la fin de l'année dernière, en effet, après les cinq décès occasionnés aux Etats-Unis par les attaques au bacille du charbon, le CDC (Center for Disease Control and Prevention) d'Atlanta avait mis au point un plan pour faire face à une hypothétique épidémie de variole déclenchée par une action terroriste ; un plan dit « à petits pas », pour contenir les foyers d'épidémie, mais sans recourir à une vaccination nationale. L'AMA (American Medical Association, qui regroupe la moitié des médecins américains) s'était également refusée à lancer un appel à la vaccination générale, à cause des effets secondaires graves qui toucheraient, selon elle, environ 1 % de la population vaccinée et causeraient au moins 300 décès. Mais la décision de passer commande aux laboratoires Baxter-Acambis de 210 millions de doses d'un vaccin baptisé ACAM, inconnu en France, un vaccin de 2e génération produit par clonage viral grâce aux derniers développement biotechnologiques, laissait augurer de cette suite.
Dans un premier temps, ce sont donc les agents des services de santé et de secours, soit 500 000 personnes, qui devraient bénéficier de l'ACAM. Il s'agit de protéger des personnes indispensables en cas d'épidémie et d'éviter qu'elles propagent le virus en le contractant.
Le scénario catastrophe qui a fait pencher la balance vers cette stratégie est autrement moins spectaculaire que celui des avions détournés percutant les tours jumelles de Manhattan, le 11 septembre dernier. Mais pas moins effroyable : quelques grammes d'un concentré invisible de virus de la variole lâchés dans une station de métro, une gare ou un aéroport suffiraient à infecter en quelques minutes un millier de passants. Ceux-ci pourraient contaminer près de 300 000 personnes avant l'apparition des premiers symptômes et près de 100 000 décès pourraient ainsi être enregistrés. Pour être improbable, le risque d'un tel attentat ne saurait être écarté dans le cadre des suites d'une attaque contre l'Irak, l'un des pays supposés détenir des stocks de virus.
En France, les stocks de vaccin disponible s'élèveraient à 8 millions de doses. A ce jour, l'Institut de veille sanitaire (InVS) ne considère pas la vaccination justifiée, y compris pour les médecins, « le risque réel de complications » ne pouvant pas être mis en balance avec « le risque théorique d'exposition au virus ».
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