Biotechnologies : mobilisation pour construire un réseau professionnel

Publié le 17/03/2002
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« Pour promouvoir les biotechnologies en France et en Europe, il faut des "facilitateurs"capables de mettre l'accent sur la communication et la fabrication d'un vaste réseau. »

Ainsi s'exprime Manuel Gea, qui préside Centrale Santé, lors du premier colloque sur les bioentreprises*. Quatre établissements ont répondu à son appel et ont participé à la manifestation : l'Académie nationale de médecine, la Fondation pour la recherche médicale (FRM), le Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France (CNISF) et le Syndicat national de l'industrie pharmaceutique (SNIP).
Avec Centrale Santé, voici donc, comme les appelle Manuel Gea, les cinq facilitateurs des biotechnologies françaises.
Leur rôle : construire, grâce à leurs relations, un maillage entre la recherche publique et la recherche privée, et rappeler que les bioentreprises ont besoin, outre de biologistes, d'ingénieurs, d'informaticiens, de managers et aussi de médecins. Pierre Le Sourd, du SNIP, rappelle qu'en 2000, sur les mille alliances qui se sont créées entre des sociétés « biotech » dans le monde, la plupart ont eu lieu en Amérique du Nord.
Inspiré de Centrale Santé, qui est à la tête d'un réseau de vingt-trois universités européennes, le réseau des facilitateurs va donc tenter de relier les bioentreprises françaises. Chaque année, ces dernières ont besoin de 500 à 1 000 nouveaux ingénieurs. Les facilitateurs comptent inciter les écoles à créer, à l'instar de l'Ecole centrale de Paris, une filière de biotechnologie.
Méfiant vis-à-vis des promesses gouvernementales contenues dans le rapport Lenoir (« le Quotidien » du 13 mars), Pierre Joly, président de la FRM, se félicite d'une telle initiative privée. « J'espère que cela permettra à la France d'être à la hauteur de l'enjeu des biotechnologies de quatrième génération, qui reposent non plus sur l'accumulation de données brutes, mais sur leur compréhension et leur intégration physiologique. »
Optimiste quant à l'avenir des biotechnologies en France, Manuel Gea a eu le mot de la fin. « Nous allons peut-être perdre la guerre de la protéomique, tant pis. En revanche, on se rattrapera en aval, en donnant du sens à toutes ces séquences géniques et protéiques. Pour ce faire, l'Europe possède un avantage colossal : la qualité de sa formation et de ses compétences humaines. »

* Congrès « Profession: bioentrepreneur », les 14 et 15 mars, dans le cadre du MEDEC, Paris.

Delphine CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7088