Le temps de la médecine
La plupart des outils de reconnaissance biométrique sont anatomiques. « C'est la raison pour laquelle, au sein des entreprises pionnières sur ce marché, aux côtés des informaticiens, on rencontre beaucoup de médecins », observe le Dr Christian Cabal député (UMP) de la Loire, auteur d'un rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) consacré aux « méthodes scientifiques d'identification des personnes à partir de données biométriques et les techniques de mise en uvre ».
Parmi ces médecins, des anatomistes et des dermatologues qui introduisent leurs paramètres dans l'élaboration des systèmes, notamment ceux qui reposent sur l'empreinte digitale ou sur la géométrie de la main.
Cette dernière méthode se révèle moins contraignante que la reconnaissance des empreintes digitales, car la saleté, l'hypersudation ou les petites lésions cutanées (coupures, brûlures et autres) ne font pas obstacle à l'identification.
Les 90 caractéristiques de la main
Pratiquement, lors de l'enregistrement des données, la forme de la main est relevée par un scanner spécialisé, généralement à infrarouge. Des paramètres tels que la longueur des doigts, leur épaisseur et leur position relative sont extraits de l'image et comparés à la base de données ; le système prend une photographie et examine 90 points caractéristiques, y compris la forme tridimensionnelle de la main, des doigts, ainsi que la forme des articulations.
Lors du contrôle, l'utilisateur est invité à placer la main sur une platine de grande taille qui possède des guides pour permettre le positionnement approprié des doigts.
Selon le Dr Cabal, c'est une technologie très simple d'utilisation. Elle a cependant des limites en raison de son coût, sensiblement plus élevé que celui du système utilisé pour les empreintes digitales, et de l'encombrement du lecteur, trop important pour un usage de type bureautique (par exemple, pour commander l'allumage d'un ordinateur). En revanche, la main semble un bon support pour contrôler par exemple l'accès des détenus à un parloir, car la procédure est rapide et fiable.
A l'heure actuelle, il n'est pas possible de déterminer « la » technique qui répondrait le mieux à l'ensemble des objectifs recherchés, quel que soit le champ d'application.
En l'absence de solution unique et de panacée biométrique, seule l'expérimentation pourra départager les différents systèmes. Aéroports de Paris (ADP, gestionnaire des aéroports de Roissy et d'Orly), a ainsi testé pendant six mois auprès de 5 500 volontaires la reconnaissance de l'iris, de l'empreinte digitale et de la forme de la main ; en tout, 190 000 contrôles ont été effectués, concluant que les trois systèmes permettent d'accélérer sensiblement le processus de vérification (de l'ordre de 30 %), après une phase d'apprentissage. Les taux de faux rejets ont été variables : 8 % pour l'iris, 0,2 % pour la main et 0,1 % pour les empreintes digitales, qui ont donc été retenues : le système est en service depuis mars dernier à une centaine de points d'accès à la zone réservée dépendant d'ADP. Au moment du passage au poste d'inspection-filtrage (PIF), précise le directeur de la Sûreté des aéroports, la personne présente son badge devant un lecteur qui interroge la banque de données et vérifie que le badge est valide ; il place ensuite son doigt sur un lecteur qui compare l'empreinte à celle enregistrée sur le patch. Le temps de contrôle est de moins de deux secondes.
Les passagers devraient à leur tour être soumis à la révolution biométrique dès l'horizon 2004.
Car les applications grand public pourraient intervenir très vite. La France, bien que disposant d'entreprises leaders sur le créneau, accuse un retard considérable, estime le Dr Cabal, qui souligne par exemple qu'aux Etats-Unis la carte du réseau Medicaid, utilisée par plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs, est équipée de données biométriques. Le Dr Cabal pronostique sur le même modèle, dans les prochaines années, une carte Vitale biométrique, sans doute avec l'empreinte digitale.
Les parlementaires de l'OPECST s'en félicitent. Les garanties d'inviolabilité ont tout à y gagner, gagent-ils. Quant aux risques de dérive du type « Meilleur des mondes », la CNIL (Commission nationale informatique et liberté) veille au grain. La plupart des demandes qu'elle a traitées ont reçu son autorisation. Pour les reconnaissances par le contour de la main ont été agréées des procédures pour l'accès au musée du Louvre pour les salariés des entreprises sous-traitantes de nettoyage, l'accès à une bijouterie, le contrôle des horaires du personnel soignant à domicile des personnes handicapées, les horaires du personnel de nettoyage d'un centre commercial à La Défense, l'accès à une cantine scolaire. Et pour les reconnaissances par empreintes digitales : l'accès aux zones hautement sécurisées de la Banque de France, l'accès aux zones secret défense de l'établissement de la Hague de la COGEMA, l'accès aux personnels d'une cité académique de l'Education nationale, l'accès aux zones de fabrication dans les locaux du groupement carte bleue et l'accès aux zones de fabrication des cartes à puces de la SAGEM.
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