L ES cellules souches, à l'origine de l'hématopoïèse (HP), sont capables d'autorenouvellement et de différenciation. Elles se retrouvent à tout âge chez l'homme. Entre les cellules souches et les cellules matures, il existe des cellules intermédiaires différentes appelées « progéniteurs engagés ». Ces derniers, ainsi que les cellules souches, constituent les progéniteurs de l'HP.
La régulation de l'HP se fait soit par des facteurs intracellulaires, soit de façon extrinsèque, par l'intermédiaire des cytokines, des facteurs de croissance (FCH) et du micro-environnement médullaire (stroma médullaire). La possibilité d'interférer dans cette régulation en créant une HP expérimentale va permettre de nombreuses applications médicales, en particulier au niveau des greffes autologues et allogéniques.
La durée de la cytopénie
Les cancers chimio-sensibles traités par de fortes doses de chimiothérapie induisent des cytopénies. L'injection de progéniteurs hématopoïétiques autologues diminue la durée de la cytopénie avec une relation dose-effet.
Le greffon est prélevé par cytaphérèse. Sa qualité est évaluée en comptant les progéniteurs hématopoïétiques (cellules CD34+, cellules clonogéniques) et les cellules tumorales, car celles-ci sont responsables de rechutes lors d'intensification thérapeutique.
D'autres facteurs affectent la collecte des progéniteurs : le type d'affection du patient, le nombre et la nature des chimiothérapies antérieures, les irradiations subies et l'âge du patient.
Les facteurs de croissance les plus utilisés, déjà connus pour corriger les cytopénies chimio-induites, sont produits par recombinaison génétique : il s'agit du G-CSF et du GM-CSF.
Le tri cellulaire
Les greffes allogéniques peuvent provenir : de la moelle osseuse, des cellules sanguines ou encore du sang du cordon. Ces deux dernières se sont développées en raison de la pénurie de donneurs. Il existe d'ailleurs de nombreuses banques de sang de cordon. Le pourcentage de réussite des greffes allogéniques dépendant en partie du nombre de progéniteurs obtenus, diverses solutions ont été proposées pour multiplier ces cellules, dont la thérapie cellulaire, qui utilise le tri cellulaire, l'expansion in vitro ou le transfert de gène dans les progéniteurs hématopoïétiques.
Le tri cellulaire permet à la fois de sélectionner la population utile à la greffe et d'éliminer les cellules inutiles ou toxiques (cellules tumorales ou lymphocytes T). La recherche de l'antigène de membrane CD34+ peut être considérée comme un marqueur des progéniteurs HP. Elle se fait à l'aide de dispositifs spécialisés : dispositif biomédical de sélection cellulaire Isolex ou CliniMACS. En ce qui concerne la purge tumorale, le choix de la technologie utilisée dépend de la pathologie étudiée : immunocytochimie pour détecter les cellules épithéliales dans les cancers du sein, cytométrie en flux lorsqu'il existe un phénotype tumoral ou encore biologie moléculaire pour détecter les translocations.
L'expansion in vitro répond à différents objectifs cliniques : amélioration de la reconstitution HP autologue après une chimiothérapie à haute dose, substitution des cellules cultivées à un prélèvement non manipulé, augmentation de la quantité de progéniteurs allogéniques à infuser après T-déplétion, possibilité d'utilisation du sang du cordon comme greffon chez l'adulte, ou encore possibilité de manipulation efficace des progéniteurs HP in vitro en les mettant, par exemple, avec un vecteur rétroviral. Les contraintes pour la réalisation d'essais cliniques sont encore trop nombreuses (obtention de cytokines de grade thérapeutique, nécessité d'accords multiples, conditions de sécurité maximales, reproductibilité des procédures et évaluation rigoureuse des résultats).
Les déficits immunitaires constitutifs sont de très bons modèles pour évaluer les stratégies de transfert de gène tels le déficit en adénosine déaminase. Toutefois, de nombreux problèmes techniques persistent encore, tels l'intégration des vecteurs rétroviraux ou le contrôle de l'expression à long terme.
D'après une journée organisée par l'AJORA (Association des jeunes oncologues de la région Rhône-Alpes). Communication du Pr C. Chabanon (Marseille).
AJORA
L'AJORA (Association des jeunes oncologues de la région Rhône-Alpes) a été créée en 1999. Regroupant de nombreux internes oncologues, elle a pour bobjectif d'aider ses adhérents à mettre en commun leurs pratiques et leurs connaissances, afin qu'ils allient, dans une logique de fédération, humanisme, rigueur clinique et excellence scientifique dans l'exercice de leur profession. Pour cela, l'association organise des rencontres : réunions bibliographiques mensuelles passant en revue différents chapitres de l'oncologie, en présence d'un expert ; séminaires thématiques générant des débats avec des intervenants de différentes régions.
L'association s'occupe aussi de la formation des internes en leur permettant :
- de participer à des congrès nationaux et internationaux ;
- de recevoir toutes les informations nécessaires concernant leur spécialité ;
- de développer des programmes de recherche clinique.
AJORA, 28, rue Laennec, centre Léon-Bérard, 69008 Lyon.
ajora@lyon.fnclcc.fr
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature