Une approche de génétique classique vient de permettre l'identification d'une cible moléculaire grâce à laquelle il serait possible de sensibiliser les biofilms bactériens aux antibiotiques. Une molécule de glucane semble en effet responsable de la résistance des pathogènes organisés en biofilm à certains agents antibactériens.
D'après les auteurs de cette découverte, O'Toole et coll. (Dartmouth Medical School, Hanover, New Hampshire), les chaînes de glucanes présentes à la surface des biofilms captureraient les molécules antibiotiques avant qu'elles ne puissent atteindre leur cible sur les cellules bactériennes. Ils suggèrent donc qu'en utilisant un composé capable de se fixer aux glucanes en bloquant leur interaction avec les antibiotiques il serait envisageable de rétablir la sensibilité des biofilms bactériens aux antibiotiques.
Un crible génétique très simple
L'implication des glucanes dans la résistance des biofilms aux agents antibactériens a été démontrée par un crible génétique très simple : O'Toole et coll. ont recherché des mutants naturels de Pseudomonas aeroginosas qui forment des biofilms à la manière des souches sauvage du pathogène, mais dont la sensibilité aux antibiotiques est accrue, même au sein d'un biofilm. Cette stratégie leur a permis d'isoler une souche bactérienne dans laquelle un gène codant pour un glucane est muté et non fonctionnel. Cette mutation n'altère pas la structure générale du biofilm mais conduit à une augmentation de sa sensibilité à la tobramycine.
Les chercheurs ont démontré que cette molécule de glucane interagissait de manière spécifique avec la tobramycine. Ils ont alors émis l'hypothèse que ce glucane devait intervenir dans la résistance du biofilm à l'antibiotique en capturant les molécules antibactériennes.
O'Toole et coll. espèrent que la même stratégie les conduira à l'identification d'autres molécules impliquées dans la résistance des biofilms aux antibiotiques : « Nous commençons à comprendre comment fonctionne ce mécanisme de résistance particulier, ceci constitue une première étape importante pour la mise au point de nouveaux traitements spécifiques aux biofilms. »
« Nature » du 20 novembre 2003, pp. 306-310.
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