« Est-ce qu’il est nécessaire d’avoir une révolution en matière de bioéthique ? Je n’en suis pas persuadé, vraiment pas », a déclaré le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, à la tribune de l’Assemblée nationale. Le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, a affiché son scepticisme, estimant que la révision risque de ne « servir à rien » tant le gouvernement est « frileux » face aux « lobbies les plus conservateurs ».
L’ouverture des débats au Palais Bourbon a coïncidé avec l’annonce par le Pr René Frydman de la naissance d’un « bébé du double espoir » ou « bébé-médicament », une première en France. Cet événement a ravivé la polémique sur « l’instrumentalisation » de l’être humain. Xavier Bertrand a rappelé la volonté du gouvernement de « maintenir l’interdiction de principe des recherches sur l’embryon », tout en permettant « des dérogations encadrées à ce principe ».
« S’il y a bien un point de clivage important entre la majorité et l’opposition, c’est bien la recherche », a indiqué le député (PS) Alain Claeys. Trente-cinq députés de la majorité (UMP, NC, MPF et DLR) ont appelé à « la vigilance ». Dans un texte intitulé « La procréation humaine n’est pas une industrie », les signataires estiment que la loi, qui a « pour tâche première de protéger les droits fondamentaux des personnes, surtout les plus vulnérables », ne répond pas « suffisamment à cette obligation morale ». En cause : la systématisation dudiagnostic prénatal en début de grossesse. « 96 % des mères dont le test se révèle positif sont aujourd’hui conduites à l’avortement. Nous sommes là en plein eugénisme (...) La juste attitude serait le financement par l’État d’un véritable plan de recherche sur la trisomie 21 plutôt que d’inciter à son éradication », indiquent les signataires. Pour Xavier Bertrand, « le libre-arbitre de la femme et du couple » doit, en effet, « pouvoir être respecté ». La possibilité de transfert d’embryons post-mortem avait été introduite par la commission, mais cette dernière est revenue sur la mesure juste avant la séance publique. Le vote du projet de loi, examiné en première lecture, est programmé le 15 février.
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