Sa mère aimait beaucoup l'Amérique de Buffalo Bill, alors le jeune Samuel, né le 22 juin 1906 en Autriche dans une famille juive, fut bientôt surnommé Billy. Un garçon qui a « beaucoup appris sur la nature humaine, mais rien de très favorable », comme il le disait ironiquement, avec les joueurs de cartes et de billard qui fréquentaient l'hôtel de son père.
Il débute comme journaliste, à Vienne puis à Berlin, tout en écrivant des scénarios, ce qui lui vaut de travailler pour l'UFA et en particulier pour « les Hommes du dimanche », de Robert Siodmak (1929). L'arrivée au pouvoir des nazis le contraint à émigrer, à Paris, où il aborde la mise en scène en dirigeant Danielle Darrieux dans « Mauvaise graine », puis aux Etats-Unis. Il y arrive en ne parlant pas plus de cent mots d'anglais et gardera jusqu'à la fin un délicieux accent viennois.
Il travaille comme dialoguiste pour d'autres réfugiés et, avec Charles Brackett, signe entre autres les brillantes répliques de « la Huitième femme de Barbe-Bleue » et de « Ninotschka », de Ernst Lubitsch.
Devenu réalisateur pour « protéger (ses) scénarios », il obtient un contrat à la Paramount et s'impose dès le troisième film, « Assurance sur la mort », écrit avec Raymond Chandler d'après le livre de James Cain, qualifié de « plus noir des films noirs ». Le film suivant, « le Poison » (« The Lost Week-end »), avec Ray Milland, lui vaut le premier de ses six oscars. Et en 1950, « Boulevard du crépuscule » offre une vision sombre et inégalée de Hollywood.
Car si la comédie, personne n'est parfait, est le genre le plus souvent associé à son nom, il a signé avec autant de talent et d'esprit des drames, des policiers, des satires sociales et des oeuvres mêlant les registres. La comédie, ce sont bien sûr les deux films avec Marylin Monroe (avec laquelle, disait-il, il fallait « avoir la patience d'un moine zen »), « 7 ans de réflexion » et « Certains l'aiment chaud », élu « film le plus drôle de l'histoire du cinéma » par l'Institut du film américain en 2000. Et aussi, ceux tournés avec l'un de ses comédiens favoris, Jack Lemmon, mort il y a quelques mois, de « la Garçonnière » (trois oscars, ceux du film, du réalisateur et du producteur) à « Buddy Buddy », son dernier opus (1981) en passant par « Irma la douce », « la Grande Combine », « Avanti ! » ou « Spéciale première ». Et encore « Embrasse-moi stupide », avec Tony Curtis, devenu son ami. Wilder avait une grande « capacité à voir à travers les choses et une connaissance innée de la condition et de la nature humaines », a -t-il témoigné.
« Faire des films c'est un peu comme marcher dans une pièce sombre, expliquait le cinéaste. Il y en a qui se heurtent à des meubles, d'autres se cassent les jambes, mais certains d'entre nous voient mieux dans le noir que d'autres ».
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