Pro Patria et Humanitate.
Mari Transve Mare Hominibus Semper Prodesse.
Telles étaient les devises de l’École de Santé Militaire de Lyon et de l’École de Santé Navale de Bordeaux.
C’était avant que le Service de santé des armées soit à l’agonie.
Entré le 15 octobre 1948 à l’École de Lyon en section Coloniale, j’ai quitté l’uniforme le 2 novembre 1976, après 28 ans de service totalisant 48 annuités. Je précise « quitté l’uniforme » parce que je considère que j’appartiens toujours au service et me trouve toujours concerné par son destin.
Une annonce dans « le Quotidien du médecin » en date du 19 juin est à pleurer de rage, ou de honte, pour qui ne serait pas encore endurci par le douloureux chemin de Croix que constitue désormais l’histoire du Corps de santé des armées. Mais ici pas de résurrection en vue !
Quand on sait, mais le sait-on encore ? que nous avons été des milliers, pendant plus d’un siècle, sur tous les continents, de la médecine de brousse aux hôpitaux des capitales, des instituts de recherche aux Écoles et Facultés, à jeter les bases des structures sanitaires dont héritèrent nos anciennes colonies en devenant indépendantes, peut-on lire sans amertume que l’on doive chercher par annonce dans la presse quatre malheureux praticiens pour un de nos hôpitaux qualifiés « d’instruction », réduit à 222 lits – guère plus qu’une moyenne clinique – où nous n’entrions que sur concours ? Las ! le Service de santé des armées n’a plus, en tout et pour tout, que huit hôpitaux, sur qui pèse d’ailleurs la menace de regroupement, pour ne pas dire d’absorption, avec les formations civiles avoisinantes, comme à Bordeaux, Brest… Je me souviens en avoir connu au moins vingt-cinq, rien qu’en métropole.
Nous étions toujours prêts à envoyer du monde partout où il fallait de l’aide : tremblement de terre au Pérou, épidémies, de méningite au Maroc ou au Brésil, de choléra aux Comores, d’Ebola au Congo, réfugiés du Biafra au Gabon, victimes de tsunami en Asie…
Après tout ce qui a été fermé : Santé Navale, Institut de Médecine Tropicale du Pharo, Hôpital d’Instruction du Val-de-Grâce, pour ne citer que le plus mondialement connu, je ne donne pas cher de ce qui ne l’est pas encore.
Les effectifs du Service de santé des armées n’ont jamais été aussi misérablement bas, peinant à fournir ce qui reste d’hôpitaux, centres de recherche, Opérations extérieures… Mais le Directeur Central et l’Inspecteur Général ont maintenant une quatrième étoile. La cinquième sans doute lorsqu’il y aura encre moins à commander et plus rien à gérer.
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