AVEC UNE INCIDENCE de 3 387 nouveaux cas et 1 000 décès par an, le cancer du col de l'utérus se situe, en France, au 7° rang des cancers féminins et représente la 12° cause de mortalité par cancer chez la femme. On sait que ce type de cancer est précédé pendant dix à quinze ans par des lésions précancéreuses détectables à l'examen cytologique (frottis cervico-vaginal). Leur traitement permet d'éviter ou de réduire le risque d'évolution vers un cancer invasif. L'examen des données de la littérature réalisé à Lyon en avril 2004 par un groupe de travail du Circ (Centre international de recherche sur le cancer) a mis en évidence une réduction de 80 % des décès chez les femmes dépistées dans le cadre d'un programme organisé. En France, le dépistage reste individuel, mais les recommandations de bonne pratique clinique conseillent d'effectuer un frottis tous les trois ans chez les femmes de 25 à 65 ans après deux frottis annuels normaux.
Cependant, le taux de couverture, estimé à 55 %, reste faible. Une campagne nationale de dépistage doit prochainement être mise en place afin d'atteindre 80 % des femmes de 25 à 69 ans, conformément aux objectifs du Plan cancer. L'étude publiée aujourd'hui dans le « BEH » (n° 2/2005) devrait servir de référence pour mieux en mesurer l'impact. Elle fournit, à partir d'une enquête menée entre le 20 septembre et le 20 décembre 2002, auprès des anatomo-cyto-pathologistes (ACP) libéraux et publics de la région Ile-de-France, le nombre des cas incidents d'anomalies cytologiques observées sur les frottis prélevés par les gynécologues (96 %) et les généralistes (4 %).
Les ACP ont majoritairement participé (66 %) à l'étude. En cas d'anomalie, son type (système Bethesda) était enregistré sur les fiches des patientes : ASC-US - atypies des cellules malpighiennes de signification indéterminée ; ASC-H - atypies ne permettant pas d'exclure une lésion malpighienne de haut grade ; Lsil - lésions malpighiennes intraépithéliales de bas grade caractérisées par la présence de koïlocytes et qui régressent spontanément dans la moitié des cas ; Hsil -lésions malpighienne intraépithéliale de haut grade considérées comme directement précancéreuses ; ASC - atypies des cellules glandulaires ; les carcinomes.
En moyenne, 3 % de frottis anormaux ont été observés, ce qui correspond au taux généralement observé dans une population dépistée régulièrement. Un taux significativement plus important, quoi que proche de 3 %, est observé dans trois des huit départements étudiés : le 77, le 93 et le 95. L'augmentation serait liée, selon les auteurs, à des différences dans l'état de santé, l'accès au soin ou le niveau socio-économique des patientes. Le plupart des frottis ont été lus dans des structures privées avec lesquelles travaillent les gynécologues médicaux de ville. Moins de 10 % l'ont été dans des structures publiques, avec un pourcentage important de frottis anormaux qui correspond à une population plus à risque.
Implication des généralistes.
En fonction de l'âge, le type d'anomalie dépisté diffère. Les Lsil (bas grade) sont plus fréquents avant 35 ans et les ASC-US après 35 ans. Cependant, l'augmentation du taux des Hsil à partir de 25 ans justifie de débuter le dépistage à partir de cet âge. La majorité (35 %) des lésions de ce type sont diagnostiquées entre 36 et 45 ans. Un risque maximal de cancer du col est observé chez les femmes de plus de 65 ans. Ce résultat confirme, insistent les auteurs, « qu'il faut poursuivre le dépistage après 65 ans chez les femmes n'ayant pas bénéficié de frottis avant cet âge ». L'enquête l'a montré : les généralistes sont aujourd'hui peu impliqués dans le dépistage du col de l'utérus (4 % des prescripteurs). Or, à 65 ans, les femmes n'ont pas de suivi gynécologique. « L'implication particulière des médecins généralistes est donc primordiale », affirment les auteurs. En effet, elle constitue une occasion de bénéficier d'un examen de dépistage dans les classes d'âge plus élevées.
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