De notre correspondante
à New York
« LA NORME clinique actuelle pour traiter ces nouveau-nés est d'administrer le monoxyde d'azote (NO) tous les jours par le biais d'un dispositif complexe pour administrer le gaz, nécessitant un haut degré de surveillance qui n'est pas disponible dans les petits hôpitaux ou les pays en voie de développement », explique, dans un communiqué, le Dr Mark Gladwin, chercheur au centre clinique du National Institute of Health (Bethesda), qui a supervisé ces travaux. En outre, ajoute-t-il, « cette approche coûte des milliers de dollars par jour, et les appareils eux-mêmes valent des dizaines de milliers de dollars. Nos résultats démontrent qu'un traitement pourrait être effectué d'une façon plus simple et plus rentable ».
Cyanose qui persiste sous oxygénothérapie.
L'hypertension artérielle pulmonaire persistante du nouveau-né est une maladie sévère au cours de laquelle les artères pulmonaires du nouveau-né restent en constriction après l'accouchement. Cette vasoconstriction pulmonaire entraîne une mauvaise oxygénation du sang (hypoxémie systémique) et les nouveau-nés présentent une cyanose grave qui persiste sous oxygénothérapie .
Le monoxyde d'azote (NO), un gaz produit par les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins, est un vasodilatateur endogène permettant la relaxation du muscle lisse.
L'inhalation de monoxyde d'azote provoque une vasodilatation pulmonaire sélective et s'est montrée efficace chez certains nouveau-nés affectés d'hypertension pulmonaire persistante, améliorant rapidement leur oxygénation.
L'équipe de Mark Gladwin a précédemment montré que les anions nitrite du sang sont réduits en monoxyde d'azote (et methémoglobine) par la désoxyhémoglobine (et un proton). Ils contribuent ainsi de façon majeure à la vasodilatation en cas d'hypoxémie. Etant donné cette conversion endogène du nitrite en oxyde nitrique, le nitrite inhalé pourrait-il offrir un traitement pour l'hypertension pulmonaire persistante du nouveau-né ?
C'est la question que se sont posée Gordon Power, Mark Gladwin et leurs collègues du NIH et de l'université médicale de Loma Linda en Californie. Il fallait l'étudier d'abord dans un modèle animal. Les résultats de cette étude sont publiés dans « Nature Medicine ». Les chercheurs ont comparé l'inhalation de nitrite en aérosol (nitrite dissous dans une solution salée) et celle de monoxyde d'azote chez des agneaux nouveau-nés souffrant d'hypertension pulmonaire hypoxique.
Réduction des pressions pulmonaires.
« L'inhalation de nitrite a rapidement réduit les pressions pulmonaires, d'environ 65 % en comparaison d'une réduction de 80 % avec le NO », précise le Dr Hunter, premier signataire de ces travaux. En outre, ajoute-t-il, l'effet du nitrite est beaucoup plus long que celui de l'oxyde nitrique. « Dans un cas, nous avons administré le nitrite inhalé pendant vingt minutes et l'hypertension artérielle a rétrocédé pendant une heure. » Cet effet du nitrite inhalé est associé à l'apparition immédiate de monoxyde de carbone dans le gaz expiré. Il faut souligner un fait important : le nitrite inhalé a produit une vasodilatation pulmonaire sélective sans augmentation cliniquement significative des taux sanguins de methémoglobine.
« Ces données étayent le concept selon lequel le nitrite est un vasodilatateur agissant à travers la conversion du NO, un processus qui est couplé a la desoxygénation de l'hémoglobine et à la formation d'un proton », concluent les chercheurs. « Elles suggèrent un nouveau traitement potentiel simple et peu coûteux pour l'hypertension pulmonaire néonatale. »
Des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l'innocuité et l'efficacité du nitrite inhalé chez les humains, préviennent-ils. Des efforts sont en cours pour débuter des essais cliniques dès le début de 2005.
« Nature Medicine », 12 Septembre 2004, DOI: 10.1038/nm1109.
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