LES CHIFFRES des nouvelles contaminations par le VIH sont d'une étonnante stabilité et les spécialistes réunis lors de la journée des Avancées VIH ont presque regretté que leurs informations concordent. Depuis deux ans, 5 200 nouvelles contaminations sont déclarées chaque année, dont plus de la moitié concernent des personnes hétérosexuelles. Françoise Brin-Vésinet (CHU Bichat - Claude-Bernard, Paris) a insisté : «40000personnes ignorent encore leur séropositivité en France.» Selon les données du centre national de référence du VIH (Tours), dirigé par Francis Barin, un quart des nouveaux patients ont été infectés au cours des six derniers mois. C'est en Ile-de-France, en région Paca et dans les DOM-TOM que les nouvelles contaminations sont les plus fréquentes, touchant surtout les hommes, les hétérosexuels et les migrants.
Un tiers des cas découverts à un stade tardif.
Parmi les évolutions de l'épidémie, 75 % de nouveaux cas infectés par des VIH-B ont été évoqués par Francis Barin, qui a regretté que les notifications de données dont la déclaration est pourtant obligatoire ne soient pas encore systématiques. Cela retarde la prise en charge des patients. Ce constat d'échec touche aussi l'organisation du dépistage, et Willy Rozenbaum, président du Conseil national du sida (CNS), a constaté que la majorité des nouveaux cas est décelée en dehors des centres dédiés. «Pourtant, 5,3millions de sérologies ont été réalisées dans les centres de dépistage anonyme et gratuit en 2005, alors que ces centres ne dépistent que 12% des personnes contaminées en France, a-t-il précisé. Le manque d'évolution favorable permet de s'interroger sur nos propres responsabilités car il n'est pas acceptable d'en rester là.» Françoise Brin-Vésinet a confirmé que 35 % des nouveaux cas sont effectivement découverts à un stade tardif. Avec, pour ces patients, un risque de décès multiplié par 13.
La gratuité et l'anonymat, qui sont au coeur des priorités en matière de dépistage, peuvent comporter des revers qu'il convient d'apprécier. L'anonymat peut être un frein à la prise en charge des patients, car il retarde la connaissance du statut virologique, seule susceptible d'entraîner une modification du comportement. Mais le consentement explicite reste la première démarche de soin. Les intervenants se sont accordés sur le fait que cette condition demeure essentielle, mais qu'il convient de faciliter son acceptation en proposant le dépistage à de multiples étapes de la vie courante. C'est pourquoi le CNS propose de faire évoluer les pratiques et les habitudes de dépistage et de proposer le test lors des recours aux soins, qu'il s'agisse d'une simple consultation médicale en ville ou à l'hôpital ou de la prescription d'une contraception.
Le test devrait également être proposé au père lors de la déclaration de grossesse. Brigitte Reboulot, du Crips de Nice et de Marseille, a estimé que les médecins libéraux devraient être formés au dépistage.
Une expérimentation à Paris.
De nouveaux tests peuvent à présent être réalisés par les généralistes. A partir d'un petit prélèvement de sang total au bout du doigt, on peut obtenir un résultat en 10 à 20 minutes et donc donner et expliquer un premier résultat avant qu'il soit confirmé en laboratoire. Plus onéreux que les autres, ces tests rapides, déjà généralisés aux Etats-Unis, font actuellement l'objet d'une évaluation au sein de quatre laboratoires dans les hôpitaux parisiens. Dans l'expérience américaine présentée par H. Hunter Handsfield, spécialiste de l'université de Washington, les nouveaux modes de diagnostic permettent de toucher, en dehors du cadre médical, les populations les plus vulnérables. Sur plus de 1 million de personnes infectées et 40 000 nouvelles infections par an, la moitié des diagnostics tardifs touche une population jeune et plutôt homosexuelle.
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