«LES PERSONNES atteintes de tuberculose à bacilles multirésistantes (tuberculose MR) pourront obtenir rapidement un diagnostic – en deux jours et non plus en deux ou trois mois – ainsi qu'un traitement approprié», annonce l'OMS, qui lance deux projets qui devraient améliorer la prise en charge des malades atteints de tuberculose à bacilles multirésistants.
Le premier, rendu possible par un financement de 16,5 millions d'euros (26,1 millions de dollars) d'UNITAID, introduira une méthode moléculaire pour diagnostiquer la tuberculose MR, utilisée jusqu'ici uniquement pour les travaux de recherche. Des données issues d'études récentes, notamment celle conduite par la Fondation pour l'innovation en matière de nouveaux diagnostics (FIND), le Medical Research Council et les National Health Laboratory Services d'Afrique du Sud, ont démontré leur fiabilité lorsqu'ils étaient utilisés en routine. Ces nouveaux tests moléculaires rapides, connus sous le nom de LIPA (Line Probe Essays) apportent une réponse en moins de deux jours.
Au cours des quatre prochaines années, 16 pays, avec lesquels des négociations sont en cours, devraient bénéficier de ces nouveaux produits diagnostiques, en Afrique (Côte d'Ivoire, Éthiopie, Lesotho, République démocratique du Congo), Europe de l'Est (Azerbaïdjan, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Moldova, Ouzbékistan, Tadjikistan, Ukraine) et en Asie (Bangladesh, Indonésie, Myanmar, Vietnam). Ils recevront les tests par l'intermédiaire du Service pharmaceutique mondial du partenariat Halte à la tuberculose, qui fournit aux pays aussi bien des médicaments que des moyens diagnostiques.
L'initiative mondiale pour les laboratoires de l'OMS et FIND aideront les pays à préparer l'installation et l'utilisation des tests rapides (formation du personnel de laboratoire et nouveaux équipements) en assurant les normes techniques nécessaires de sécurité biologique. Le Lesotho est déjà prêt à les utiliser et devrait être suivi par l'Éthiopie d'ici à la fin de l'année. Les quatorze autres pays seront progressivement équipés au cours de la période 2009-2011.
Le second projet repose sur un accord complémentaire signé avec UNITAID, d'un montant de 21,3 millions d'euros (33,7 millions de dollars), qui prévoit que le Service pharmaceutique mondial renforcera l'approvisionnement en médicaments nécessaires pour traiter les tuberculoses à bacilles résistants dans 54 pays, notamment ceux qui recevront les nouveaux tests diagnostiques. Le projet devrait permettre d'obtenir des réductions de prix allant jusqu'à 20 % pour les tuberculeux de deuxième intention d'ici à l'an 2010. Les pays pourront utiliser les subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Un enjeu de taille.
Au total, UNITAID, la facilité internationale d'achat de médicaments qui dispose d'un moyen de financement innovant, la taxe de solidarité sur les billets d'avion devraient fournir 38 millions d'euros (60 millions de dollars). Actuellement, 2 % seulement des cas de tuberculose MR dans le monde seraient diagnostiqués et traités de façon appropriée, en particulier à cause de services de laboratoire insuffisants. Les initiatives annoncées «devraient permettre de multiplier au moins par 7 cette proportion au cours des quatre prochaines années, pour atteindre 15% ou davantage», explique l'OMS. L'enjeu est de taille, la lutte contre la tuberculose multirésistante étant considérée par l'OMS comme une urgence sanitaire. Dans les pays concernés, le diagnostic de multirésistance est réalisé après l'échec du traitement de première intention. Dans ce cas, un délai de deux mois, voire plus, est nécessaire pour confirmer le diagnostic et adapter le traitement de seconde intention. Au cours de cette période, non seulement les patients restent contagieux, mais beaucoup d'entre eux meurent avant que les résultats ne soient connus.
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