La santé en librairie
Le Dr Agnès Saraux, gériatre, donne d'emblée, dans un livre intitulé « Mes parents vieillissent », des chiffres qui interdisent de se désintéresser du problème : les plus de 60 ans représenteront plus du quart de la population d'ici à 2020, tandis que, « selon certaines prévisions, la moitié des bébés qui naissent aujourd'hui devraient être centenaires ».
Si la proportion d'incapacités sévères chez les personnes âgées diminue elle aussi notablement, si « le vieillissement n'est pas une maladie », les « difficultés », bien connues, peuvent surgir de bien des côtés : l'inégalité tant génétique qu'environnementale qui règne entre les humains peut avoir accéléré le vieillissement ou installé une ou plusieurs maladies chroniques plus ou moins invalidantes, tandis que la mise à l'écart des vieux et la diminution de leurs ressources financières que peuvent entraîner la retraite et l'avancée en âge, sont autant de facteurs défavorables.
Le deuil à faire
Il y aura alors de toute façon un deuil à faire, même si l'on compte sur l'un ou l'autre des médicaments qui, à part le THS, n'ont pas encore fait suffisamment leurs preuves pour qu'on leur confie aveuglément la prévention du vieillissement d'un parent.
La gériatre compte sur bien d'autres facteurs, qui méritent des développements beaucoup plus conséquents, exprimés sur le même ton simple et pragmatique. L'auteur commence par dessiner, à l'intention des enfants et petits-enfants de personnes vieillissantes, un modèle de relations entre générations, puis leur donne des conseils extrêmement pratiques pour que leurs anciens mangent et dorment bien, pour qu'ils entretiennent leur forme physique et mentale en bougeant, en voyageant, en se distrayant intelligemment.
Les chapitres qui suivent se font plus médicaux, d'abord « pour soulager les maux de tous les jours », d'une mauvaise audition à l'abus de laxatifs, puis pour susciter les réactions adaptées face à une perte de mémoire ou à une tendance dépressive comme à un manque d'appétit ou à une plainte pour maltraitance, pour guider la famille de la personne vieillissante dans le labyrinthe médico-sanitaire que constituent médecins, médicaments, hôpitaux, analyses biologiques et maladies courantes.
On avance encore dans la difficulté en abordant le chapitre consacré aux lieux de vieillissement, domicile si possible, lieux d'accueil aussi adaptés que possible sinon.
Arrive alors la maladie d'Alzheimer, de plus en plus incontournable au fur et à mesure que les années s'accumulent puisqu'actuellement un centenaire sur deux en est atteint ; l'auteur n'omet aucun des aspects des problèmes soulevés par la maladie et surtout pas les espoirs nés de la recherche. Plutôt que de terminer sur « les derniers moments de la vie », l'auteur a préféré choisir pour dernier chapitre les « aides financières spécifiques » sur lesquelles la nouvelle APA jette une note positive.
Il existe cependant autant de façons de présenter les choses que d'auteurs. Ainsi les impératifs de la collection « Vivre avec » donnent-ils au petit livre, plus ancien, destiné aux familles et compagnons de vie des personnes âgées, signé par le Dr François Baumann et par l'éditrice Josette Lyon, un caractère plus schématique que le livre du Dr Saraux, et encore plus résolument pratique. De son côté, l'édition 2002 du « Guide de la retraite », de Jean-Jacques Delas et Maïté Jacquet, qui sort le 13 février prochain aux éditions du Rocher, accorde une place un peu moins importante aux aspects médicaux du vieillissement et une place nettement plus importante aux aspects financiers et juridiques.
Oublier son âge
Gisèle Rutman et Jean Cazeneuve, en professionnels de la télévision, ont pour leur part interrogé une bonne trentaine de faux vieux plus ou moins célèbres, qui ayant pour la plupart « oublié leur âge », ont également vu leur âge les oublier, même si la mort en a rattrapé quelques-uns depuis la parution du livre. S'enthousiasmer, s'émerveiller, continuer d'avancer, faire des projets, avoir envie de plaire, se passionner, les recettes diffèrent et se ressemblent tout à la fois, faisant un peu pâlir les avis médicaux et les doctes discours rassemblés en fin d'ouvrage.
On peut citer encore le point de vue donné il y a quelques mois par Charlotte Mémin, l' « une des pionnières de l'approche psychologique du grand âge », dans un ouvrage un peu plus ancien intitulé « Comprendre la personne âgée ». Il y est question de communication, de sexualité, de transmission plus que de mort et l'on y découvre que, comme la plupart des portions de populations de notre société, les vieux demandent avant tout du respect et de la tendresse.
« Mes parents vieillissent », Dr Agnès Saraux, Bonneton (17, avenue Théophile-Gautier, 75016 Paris), 336 pages, 23 euros.
« Vivre avec un parent âgé », Dr François Baumann, Josette Lyon, éditions Josette Lyon, 271 pages, 10,52 euros.
« Guide de la retraite », Jean-Jacques Delas, Maïté Jacquet, Editions du Rocher.
« Oubliez votre âge, il vous oubliera », Gisèle Rutman et Jean Cazeneuve, Flammarion, 322 pages, 15,10 euros.
« Comprendre la personne âgée », Charlotte Mémin, Bayard Editions, 201 pages, 17,53 euros.
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