L'ANCIEN recteur de l'Institut de médecine de Gomel, en Biélorussie, le Pr Youri Bandajevsky, vient d'être condamné par une juridiction militaire à une peine de 8 ans de travaux forcés pour atteinte à la sûreté de l'Etat.
Arrêté une première fois le 13 juillet 1999 sous le chef de corruption, ce spécialiste de médecine nucléaire était resté six mois incarcéré, avant de bénéficier d'une mesure de libération avec assignation à résidence, à la suite d'une campagne de soutien internationale (« le Quotidien » du 7 janvier 2000). Amnesty International avait alors dénoncé le sort fait à un scientifique dont le seul crime, selon l'organisation non gouvernementale, est d'avoir « ouvertement critiqué » le silence de son gouvernement sur les retombées de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
Cette nouvelle interpellation, au début du mois dernier, s'inscrit dans une nouvelle procédure, diligentée par les juridictions militaires pour atteinte à la sûreté de l'Etat. « Les audiences, qui se sont déroulées pendant trois semaines, rappellent les pires scénarios de la répression telle qu'elle s'était abattue pendant la guerre froide », rapporte au « Quotidien » le Pr Abraham Behar, vice-président de l'Association internationale des médecins pour prévention de la guerre nucléaire, qui fait état de sources dignes de foi. « En fait, affirme-t-il, l'Etat biélorusse tente de neutraliser un médecin dont les travaux compromettent, selon lui, l'image internationale du pays et la politique touristique qu'il s'efforce de mettre en œuvre. »
Le Pr Bandajevsky est en effet l'auteur de plusieurs études, qui ont eu un retentissement international, sur les effets, sur l'organisme, de l'incorporation de radionucléides dus aux retombées de la catastrophe de Tchernobyl. Il a établi en particulier des corrélations entre le taux de Césium 137 dans le sang et l'altération du myocarde. Toujours selon le Pr Behar, l'un de ses associés, le physicien Nesterenko (Institut de radioprotection de Gomel) ferait également l'objet de poursuites.
La section française d'Amnesty international, qui confirme au « Quotidien » ces informations, assure « un suivi au jour le jour » de l'affaire, tout en prenant garde de compromettre le sort de l'épouse du Pr Bandajevsky, le Dr Galina Bandajevskaya, pédiatre, toujours en liberté à ce jour.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature