Biélorussie : des cancers de la thyroïde dus aux retombées de Tchernobyl

Publié le 09/12/2001

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Une étude menée par des médecins de Gomel, en Biélorussie, et des spécialistes de Nagasaki, au Japon (« Lancet » du 8 décembre), confirme l'influence des retombées immédiates de la catastrophe de Tchernobyl, le 26 avril 1986, sur les cancers de la thyroïde chez l'enfant.
Entre février 1998 et décembre 2000, les chercheurs ont examiné plus de 20 000 enfants scolarisés dans cinq secteurs situés dans un rayon de 150 kilomètres de la centrale nucléaire (tous les enfants de quatre districts et 10 % des enfants de la ville de Gomel). Tous ont eu droit à une échographie et à un bilan biologique thyroïdien ; en cas de nodules de diamètre supérieur à 5 mm ou anormalement échogènes, une ponction était réalisée. Pour confirmation, les résultats ont été envoyés par télémédecine aux praticiens de la faculté de médecine de Nagasaki. Lorsque le dépistage était positif, les jeunes patients ont été opérés à Minsk et le diagnostic confirmé par l'histologie. Dans tous les cas, il s'agissait d'adénocarcinome papillaire.
Trente-deux cancers de la thyroïde ont ainsi été détectés. Aucun ne touche les enfants nés plus de huit mois après la catastrophe (9 472 enfants nés en 1987, 1988 et 1989) ; en revanche, un cancer a été retrouvé dans le groupe des 2 409 enfants nés juste après (entre le 27 avril et le 31 décembre 1986) et 31 parmi les 9 720 enfants nés avant (entre le 1er janvier 1983 et le 26 avril 1986).
Après ajustement des données en fonction du sexe et de l'âge, ces résultats montrent un effet significatif de l'exposition aux retombées de Tchernobyl, avec un risque de cancer de la thyroïde multiplié par 121 (odds ratio) chez les enfants nés avant et par 11 chez les enfants nés juste après par rapport à ceux qui sont nés les années suivantes. C'est l'exposition à l'iode radioactive à vie courte, avant l'âge de 10 ans, qui se révèle le plus à risque de cancer de la thyroïde. Tous ceux qui ont été dans ce cas devraient bénéficier d'une prise en charge et d'un suivi, estiment les auteurs de l'étude.

R. C.