COMME l'a rappelé le Dr Sandrine Blanc (CHU, Lyon Monchat), la prescription des interférons bêta donne lieu à la tenue d'un carnet de survie par les neurologues dans le cadre d'un observatoire mis en place par l'Afssaps. Cependant, les modalités de recueil et l'absence d'interconnections de bases de données créées a posteriori pour chacun des produits ne permettent pas le suivi longitudinal des patients si la prescription dépasse deux ans ou si les traitements sont modifiés. D'où l'importance du programme Edmus (European Database for MUltiple Sclerosis) qui a déjà démontré son efficacité pour l'étude de la grossesse et sur le rôle des vaccins notamment. L'étude Best utilise ce programme Edmus en réseau pour rechercher le profil de patients répondeurs à Betaferon par un suivi prospectif à long terme justifiant une première prescription, selon les mentions légales de ce produit. Cette étude, dont les inclusions ont été étalées entre 2001 et 2003 dans toute la France (17 centres), porte sur 336 patients inclus et suivis pendant cinq ans. Ils ont une visite à l'inclusion au 3e mois, puis tous les six mois pendant la durée de l'étude, suivi qui est maintenu même en cas d'arrêt de Betaferon.
Encore trop de traitements tardifs.
On constate sans surprise que les femmes sont largement majoritaires dans cette cohorte (237 pour 99 hommes), mais il est plus intéressant de constater la proportion relativement importante de formes secondairement progressives : 125 cas (âge moyen de 46 ans) contre 211 formes rémittentes (âge moyen 37,3 ans). Bien entendu, le handicap est plus important dans le premier cas (Edss moyen de 4,3 contre 2,6 pour les formes rémittentes). Malgré ce handicap, on est surpris de constater que 51 % des patients sont naïfs de tout traitement à l'inclusion dans l'essai. Le bilan présenté aujourd'hui porte sur les patients qui bénéficient de deux ans de recul en sachant que 80 % ont plus de dix-huit mois de suivi. Au terme de ce suivi, on remarque tout d'abord que les arrêts de traitement sont peu nombreux : 27 cas dont 20 sont des formes rémittentes (11 de ceux-ci ayant enregistré un échec dans un traitement antérieur).
Par ailleurs, l'étude de l'évolution des handicaps confirme l'intérêt qu'il y a à débuter le traitement dès le stade rémittent : en effet, à vingt-quatre mois, on obtient dans ce cas une diminution du handicap (de 2,6 à 2,1) alors que les formes secondairement progressives répondent un peu moins bien au traitement, l'Edss passant de 4,3 à 5, toujours à deux ans.
Au total, l'étude Best corrobore les recherches de l'étude clinique antérieure et montre la nécessité de poursuivre ce genre d'observations de cohortes, à côté d'études plus spécifiques étudiant différents schémas thérapeutiques (notamment l'apport des double doses et le rapport fortes doses-fréquences élevées au stade précoce de la maladie) (études Beyond et Benefit).
L'importance des observatoires régionaux.
Pour sa part, le Pr Patrick Vermersch (CHU Lille) a présenté l'expérience du G-SEP qui regroupe l'ensemble des neurologues du nord de la France. Là encore, l'objectif et le suivi d'une cohorte de patients cinq ans après l'initiation d'un traitement par Betaferon, en analysant des paramètres particuliers : nombre de patients encore sous Betaferon, facteur influençant la poursuite du traitement, motif d'arrêt, évolution après l'arrêt du traitement.
L'enquête porte globalement sur 89 patients dont l'âge moyen était de 44 ans et dont la maladie évoluait depuis un peu plus de treize ans, ce qui explique l'Edss relativement important à l'inclusion (4,7). Par ailleurs, 23 patients avaient déjà reçu d'autres traitements, surtout immunosuppresseurs (20 cas).
On constate qu'à cinq ans, 57 des patients sont encore sous Betaferon (64 % pour les formes rémittentes et 49 % pour les formes secondairement progressives). A six ans, le pourcentage est encore de 62 % pour les formes rémittentes.
Quand on analyse les arrêts d'interféron, on constate tout d'abord que la majorité d'entre eux survient pendant les deux ans suivant l'instauration du traitement. Dans la majorité des cas, il s'agit d'échecs thérapeutiques (41 cas) des effets secondaires (6 cas et les convenances personnelles (4 cas) étant beaucoup moins en cause.
Au plan qualitatif, on constate que le traitement stabilise le handicap dans les formes rémittentes et que ce handicap continue à progresser dans les formes SP (1) : en effet, les échecs thérapeutiques sont plus fréquents quand l'Edss est supérieur à 4 à l'inclusion (p < 0,02).
Enfin, l'analyse des dossiers de patients ayant reçu antérieurement un traitement immunodépresseur suggère que celui-ci n'a pas d'effet positif sur la réponse au Betaferon bien au contraire.
Le Pr Vermersch conclut que le traitement précoce par interféron bêta, dès les formes rémittentes, doit être aujourd'hui la règle, sous réserve des évaluations à plus long terme.
Conférence de presse des Laboratoires Schering .
(1) Forme secondairement progressive.
Quatre segments clés pour Schering
Si les généralistes français connaissent assez peu Schering, c'est sans doute parce que ce groupe, qui est présent dans le monde à travers 140 filiales et sociétés affiliées, a choisi quatre segments clés qui correspondent à des secteurs plus ou moins spécialisés : l'imagerie médicale (27 % du chiffre d'affaires en France), l'hormonologie (34 % du chiffre d'affaires) et l'oncologie et autres thérapeutiques spécialisées. Pourtant, Schering est très présent en France avec 1 551 salariés répartis en trois centres près de Lille, à Saclay en région parisienne et à Marcoule (Gard).
La sclérose en plaques est l'une des priorités pour Schering qui, à côté de Betaféron, explore d'autres voies thérapeutiques à travers un anticorps monoclonal CD 52 et un antagoniste CCR-1.
> Dr A. M.
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