D. S. L’effectif infirmier est-il suffisant pour travailler dans de bonnes conditions ?
C. G. Nous avons eu beaucoup de départs anticipés d’infirmières de 35-40 ans avec trois enfants. On y a perdu en compétences et on fonctionne à flux tendu. Il ne s’agit pas de multiplier par deux les effectifs. Mais il me semble qu’avec une infirmière en plus par jour, certaines pourraient aller faire un stage de comparaison quelque part, faire des posters sur le matériel, etc. Sans cela, on perd en motivation des équipes et en valeur travail. Nous, les infirmières avons loupé le coche pour valoriser certaines de nos tâches annexes au soin, comme la construction de projets, les relations auprès du patient. On a besoin de temps de pause dans les équipes pour prendre du recul au-delà du soin relationnel ou technique auprès des patients. Je manque moi-même de temps pour prendre soin de mon équipe, ce qui pourtant est mon rôle.
D. S. Les choses vous semblent-elles différentes chez les médecins ?
C. G. Ce qui me frappe les concernant, c’est l’absence de supérieur hiérarchique. Qui les managent ? Qui leur dit quand ils dysfonctionnent dans leurs pratiques ? Certainement pas le directeur qui n’a pas le temps et n’est pas dans le service. Ce devait être le rôle du chef de pôle mais ce n’est pas le cas. D’ailleurs ils n’ont pas été formés à l’encadrement comme nous. Quelqu’un, à leur proximité, devrait pouvoir leur redonner les règles parfois, quand c’est nécessaire.
D. S. La formation des infirmières a été revue. Quel premier bilan tirez-vous ?
C. G. Le référentiel de formation initiale des infirmières a été refondu au niveau national. Il y manque un dispositif pour l’accompagnement des étudiants sur le terrain. Les infirmières des services ont le nez dans le guidon et ne sont pas disponibles pour aider à la mise en réflexion des étudiants face aux situations qu’ils rencontrent à l’hôpital. Un gouvernement qui pense autant à la formation terrain, à l’alternance, à la formation continue, ne devrait pas oublier de déployer ce genre de mesures pour les infirmières et les aides-soignantes. D’autant que ce n’est pas à fond perdu pour le soin, puisque cela permet aussi aux professionnels encadrants de prendre du recul sur leurs propres pratiques.
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