Le débat de société sur l'euthanasie a franchi les portes du CHU de Besançon de manière assez inattendue puisque ce sont les infirmiers du service de réanimation chirurgicale qui accusent les médecins de ce service de pratiquer des « thérapies de fin de vie ». Le procureur de la République, Jean-Pierre Nahon, a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire, confiée au SRPJ de Dijon, afin de faire la lumière sur des « dysfonctionnements ».
Ce sont la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS) et l'Agence régionale d'hospitalisation (ARH) qui, au cours de leur inspection, ont décidé d'avertir le procureur de la République de Besançon dans le cadre de l'article 40 du code de procédure pénale. Cet article stipule que « tout fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République ».
La chef de service de réanimation chirurgicale, le Pr Annie Boillot, s'est dite indignée des « insinuations calomnieuses colportées par quelques agitateurs au sein de l'hôpital ». Le Pr Boillot dénonce « l'agressivité » des infirmiers contre les médecins, « le moindre petit problème donnant lieu à des incidents relationnels mal vécus », à l'image de la mutation d'un cadre infirmier qui a été suivie par le dépôt d'un préavis de grève en septembre dernier. Selon le CHU, la seule certitude réside bien dans le « climat très détérioré » survenu depuis trois ans lors du changement progressif de l'ensemble de l'équipe médicale à la tête du service de réanimation chirurgicale, qui comprend cinq médecins et une quarantaine d'infirmiers. « Cette situation s'est cristallisée jusqu'à arriver à ce que des informations soient transmises à la DRASS, où il est fait état de ce que certaines catégories de personnel infirmier appelaient euthanasie », a reconnu Christian Queyroux, directeur adjoint du CHU. « L'accusation portée est très sérieuse. Il convient de voir si elle est étayée », a-t-il ajouté, tout en rappelant le « problème d'appréciation légale et éthique de l'accompagnement de fin de vie » pour les patients condamnés. L'hôpital affirme également que les ratios de morbidité et de mortalité au sein du service, qui comprend une quinzaine de lits, sont habituels. Les infirmiers, qui gardent actuellement le silence, attendent les résultats de l'enquête administrative, laquelle sera complétée par la visite d'anesthésistes-réanimateurs extérieurs au CHU, chargés d'expertiser le fonctionnement de l'hôpital.
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