L'université d'été du SML à Opio

Bertrand trace quelques pistes de revalorisations pour les généralistes

Publié le 18/09/2005
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Xavier Bertrand « s'est jeté à l'eau » pour répondre « sans tabou » aux questions des cadres du Syndicat des médecins libéraux (SML), réunis en université d'été à Opio, près de Nice, et assez échaudés par l'actualité des jours précédents. Alors que la rumeur courait que le prochain budget de la Sécu pourrait être très sévère pour la médecine de ville par rapport à l'hôpital, le rapport de la Cour des comptes a fait des médecins des « boucs émissaires », selon le Dr Dinorino Cabrera, leader du SML.
Le président du SML a ouvert le feu en demandant « un signal fort (du gouvernement) sur les consultations externes des hôpitaux » dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss) 2006 qui sera présenté le 28 septembre.
« Si un effort n'est pas demandé à l'hôpital, les médecins libéraux vont se cabrer », a ironisé le Dr Dinorino Cabrera. Pour sa part, le ministre de la Santé n'a pas démenti la rumeur selon laquelle le taux de l'objectif national des dépenses (Ondam) des soins de ville serait bien inférieur à celui accordé à l'hôpital. Mais, a précisé Xavier Bertrand, « les efforts sur l'Ondam des soins de ville porteront sur les médicaments ».
A propos du carton rouge adressé par la Cour des comptes aux professionnels de santé libéraux, le ministre retient surtout que le rapport de la juridiction financière donne « une marge de manoeuvre de 6 milliards d'euros ». Or, pour « réduire le déficit de l'assurance-maladie en-dessous de la barre de 7 milliards d'euros l'an prochain » (contre 8,3 milliards d'euros de déficit prévus fin 2005), cela suppose de parcourir « un chemin de 5 milliards d'euros d'économies », compte tenu de la pente naturelle des dépenses qui progressent de « 3 milliards par an si on ne fait rien ».

Philippe Bas enterre la maîtrise comptable.
A l'instar du directeur général de l'assurance-maladie Frédéric van Roekeghem, le ministre invite les médecins libéraux à « s'impliquer dans la réforme » et à poursuivre leurs efforts sur la maîtrise médicalisée, dont les résultats laissent encore à désirer sur l'ordonnancier bizone des ALD, les génériques ou les statines au premier semestre 2005. « C'est vrai qu'on ne juge pas le résultat d'un match à la mi-temps. Mais c'est maintenant que nous devrions voir décoller la maîtrise médicalisée. » Philippe Bas, ministre délégué à la Sécurité sociale, a tenu lui aussi à renouveler sa confiance aux médecins libéraux, à l'occasion de sa toute première « tournée des popotes » sur le terrain depuis sa nomination en juin. Il ne s'est guère ému des attaques de la Cour des comptes contre les actions antérieures pour faire évoluer les comportements. La réforme de 2004 est la bonne car « personne n'avait jamais mis en œuvre la maîtrise médicalisée de cette manière ». Cet ancien artisan du plan Juppé (au sein du cabinet de Jacques Barrot de 1995 à 1997) a définitivement enterré la maîtrise comptable qui était, selon lui, « une erreur philosophique, politique et technique ». Contrairement aux autres conventions signées depuis 1993, celle de 2005 « présente les meilleures garanties de réussite », a estimé Philippe Bas. Mais s'il a renouvelé sa « confiance » aux médecins, tout comme Xavier Bertrand, il a aussi souligné la nécessité de « résultats rapides et probants ».
« A bien des égards, tout commence », a résumé Philippe Bas.

Un avenir plus serein pour les jeunes.
La récompense des efforts demandés par le gouvernement sera au rendez-vous.
Interrogé sur la nécessité d'aligner la valeur de la consultation généraliste (C) sur celle du spécialiste (CS), Xavier Bertrand a répondu que « l'année 2006 devra être forcément l'année des médecins généralistes ». Il s'agit de rendre l'avenir plus serein pour que les jeunes ne se détournent pas de la médecine générale ». Cependant, le ministre de la Santé semble préférer d'autres voies de revalorisations à la hausse pure et simple du C, récemment demandée par deux syndicats de généralistes, l'Unof-Csmf et MG-France. « Il faut donner toute sa mesure au médecin traitant », a-t-il expliqué et « la voie de la prévention n'est certainement pas à écarter d'un revers de main. »
Par ailleurs, il a rappelé que la refonte de la nomenclature clinique offrait des perspectives, de même que la tenue du dossier médical personnel (DMP) qui « passe par la formation et une amélioration de la rémunération des médecins généralistes ».

Installation : des incitations financières plus importantes

Xavier Bertrand a évoqué la délicate question des revalorisations - surtout en période de préparation des élections professionnelles - mais également les conditions d'exercice. Dans son plan sur la démographie médicale, dont « les premières mesures doivent pouvoir être applicables au 1er janvier 2006 », il envisage des incitations financières à l'installation « plus importantes », combinées à d'autres mesures « à décider avec les doyens des facultés de médecine », mais aussi le développement de nouveaux moyens d'exercice comme la télémédecine.

Ccam V2 : délai supplémentaire jusqu'au 31 décembre

Frédéric van Roekeghem, directeur général de l'Uncam, a annoncé aux médecins libéraux présents à l'université d'été du SML que les caisses accorderaient encore un délai de grâce, jusqu'au 31 décembre, pour le basculement dans la deuxième version de la classification commune des actes médicaux (Ccam V2). Cette tolérance concerne les cabinets libéraux et les établissements, à l'exception des cliniques privées spécialisées en médecine-chirurgie-obstétrique (MCO). En MCO, le 15 septembre restait donc la date butoir pour terminer la tarification dans l'ancienne nomenclature technique Ngap. Comme prévu, un système d'avance de trésorerie est mis en place pour les établissements et leurs médecins qui connaissent des difficultés dans le basculement à la Ccam V2.

> AGNES BOURGUIGNON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7803