EXIT Hôpital 2007, place à Hôpital 2012. Sans grande surprise à la clef. Les plans de relance d’un investissement hospitalier, il est vrai en berne à la fin des années 1990, se suivent... et se ressemblent beaucoup. En 2002, Jean-François Mattei mettait 10 milliards d’euros sur la table (dont 6 milliards de la poche de l’Etat) pour moderniser sur cinq ans le parc hospitalier. Aujourd’hui, Xavier Bertrand sort 10 milliards d’euros de son chapeau (dont 5 milliards seront pris en charge par l’assurance-maladie) pour poursuivre l’effort, sur cinq ans également.
Comme prévu (« le Quotidien » d’hier), les crédits iront à la mise aux normes de bâtiments hospitaliers, à l’informatisation, à l’accompagnement des derniers schémas régionaux d’organisation sanitaire (Sros 3) et à l’amélioration des conditions de travail de l’ensemble des personnels hospitaliers. Le ministre de la Santé attend des choses très concrètes. Il souhaite par exemple que, à l’horizon 2012, «plus de 80% des chambres (d’hôpital) soient individuelles».
Il veut en finir avec les défaillances des établissements en termes de risques incendie, sismiques et amiante. Il impose que «le rafraîchissement ou la climatisation des services» soit désormais partie intégrante de tout nouveau projet ; il veut, plus largement, que tous les hôpitaux puissent faire face aux situations de crise sanitaire et précise qu’ «aucun hôpital ne doit plus être construit ou reconstruit sans que le hall d’accueil ou une salle spécifique ne puisse être reconvertie en accueil des malades en cas d’afflux massif».
Le ministre exige que soit pris «le virage du numérique et du partage de l’information» et demande que les hôpitaux consacrent une part de leurs dépenses deux fois plus importante qu’aujourd’hui à leurs systèmes d’information.
Patte blanche.
Les 10 milliards d’Hôpital 2012 seront financés pour moitié par l’Etat via l’Ondam, et pour moitié par l’autofinancement et les emprunts des établissements. Sur cette seconde part, la Caisse des dépôts et consignations devrait consentir des crédits à taux préférentiels pour un total de 2 milliards d’euros.
Pour bénéficier du label et des crédits Hôpital 2012, les établissements devront – et c’est une originalité par rapport au plan précédent – montrer patte blanche et donner de triples gages de bonne conduite. En matière de maîtrise des coûts, de respect de l’environnement (les projets devant s’inscrire dans «une logique de développement durable et de réduction des dépenses énergétiques») et de politique sociale (Xavier Bertrand prônant en particulier la création de crèches dans les hôpitaux).
Le ministre de la Santé fait d’Hôpital 2012 une grande ambition, en évoquant un «effort exceptionnel de la nation». Et il coupe vite l’herbe sous le pied de ceux qui n’accordent que peu de poids à un plan quinquennal présenté trois mois avant l’élection présidentielle : «Je crois fondamentalement que, quels que soient les résultats des élections, les besoins des hôpitaux resteront les mêmes, explique-t-il. Et je souhaite que 2007 soit une année utile, une année pendant laquelle les projets pourront commencer à être sélectionnés, afin que leur réalisation puisse démarrer dès le début de l’année prochaine.» Reste évidemment que si le/la prochain(e) président(e) de la République n’adhère pas aux principes d’Hôpital 2012, il ou elle n’aura pas grand-chose à défaire pour balayer l’édifice – le déblocage des crédits en particulier doit attendre la loi de financement de la Sécurité sociale (Lfss) de... 2008.
Reste aussi que le discours du ministre fait parfois figure de harangue électorale – «C’est de notre devoir, affirme-t-il aux professionnels, de construire ensemble l’hôpital de demain, afin qu’il réponde aux attentes de tous les personnels, mais surtout aux espoirs des malades.»
De fait, c’est bien campés sur le terrain politique que les socialistes ont accueilli l’annonce d’Hôpital 2012. Xavier Bertrand n’avait pas encore dévoilé le détail de son plan que le PS réagissait en l’accusant d’en faire un paravent pour «dissimuler l’ampleur de l’échec du plan 2007». «Beaucoup d’affichage pour un bilan désastreux», résumaient dans un communiqué Pascal Terrasse, Claude Pigement et Frédéric Pain, responsables du secteur santé au Parti socialiste. Le PS a profité du lancement d’Hôpital 2012 pour dire que, à ses yeux, il y a peu de choses à sauver dans la politique hospitalière menée depuis 2002 par les ministres de la Santé de Jacques Chirac : «L’hôpital public, écrivent-ils, au terme de cinq ans de gestion par MM.Jean-François Mattei, Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand, se trouve dans une situation très délicate.» Ils poursuivent : «Les hôpitaux publics ne sont pas la priorité de la droite, au cours de cette législature qui s’achève, et Hôpital2007 est une chance inespérée pour les cliniques privées.»
Xavier Bertrand ne l’entend évidemment pas de cette oreille et brosse un portrait-robot de son idéal hospitalier : il réunit «les qualités de réalisations effectuées avec la reconstruction du centre hospitalier de Douai qui respecte la norme HQE (haute qualité environnementale) , avec le regroupement à Paris de la maternité de l’hôpital Trousseau et de la clinique des Bleuets en matière de qualité et de recomposition de l’offre de soins et avec la constitution du dossier médical commun informatisé réalisé à l’occasion du centre hospitalier de Valenciennes et de la clinique Teissier».
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