Il a été, dans les années 1960, l'une des figures les plus remarquées, les plus singulières, de la peinture de cette Ecole de Paris qui se voulait multiple, ouverte, aventureuse, et admettait en son sein aussi bien les tenants d'une figuration revue et corrigée par les grands courants du début du siècle, que ceux de l'abstraction en toutes ses options.
Bertini usait alors d'une facture large, nerveuse, autoritaire, qui levait des formes suggestives, des élans dynamiques prouvant que l'abstraction n'était pas la simple spéculation sur la forme, mais l'invention d'un nouveau monde.
Bertini le peuplait d'allusions mythologiques, y faisait passer toute l'énergie brutale de cette modernité qui allait déboucher sur le pop-art, le nouveau réalisme, toutes tendances qu'il ne refuse pas d'aborder en restant fidèle à lui-même, à la peinture.
Au cur d'une vive activité qui rejoint aussi bien le théâtre que la poésie, il brosse ici des décors, là illustre des ouvrages de bibliophilie, ne répugnant pas, au besoin, à prendre lui-même la plume pour se livrer à de spirituels pamphlets.
Peintre, il est aussi homme d'idées et d'opinion, emporté dans la vitalité des années 1960-1970 où l'on voit la peinture s'interroger sur son sens, ses moyens et son devenir. Moins révolté que réformateur, et défrichant le devenir de la peinture sans en nier les pouvoirs.
C'est bien l'un des traits particuliers de cette uvre ample, généreuse et si fortement inventive, qu'au nom de la modernité elle n'a jamais tourné le dos à la peinture dans ses particularités, ses spécificités. Bertini entendait simplement lui donner un nouveau visage. Il invente le « mec-art », qui revient à utiliser le report photographique sur toile, ayant préalablement « bertinisé » un document, une photo. Il propose alors toute une épopée, où sexe et violence passent dans le courant pictural, le nourrissent, lui donnent ce nouveau ressort qui propulse la peinture dans le langage moderne.
Il est significatif qu'en abordant le pop-art en ses marges, Bertini l'ancre dans des références mythologiques. Il reste fidèle à sa culture et donne ainsi à une imagerie populaire volontiers grivoise et inscrite dans les standards de l'érotisme ordinaire une portée universelle, défiant les limites du temps.
C'est sans doute son invention la plus remarquable, celle qui sauvera son uvre des aléas de la mode.
Centre Noroit/Arras, 6, rue des Capucins. jusqu'au 3 mars.
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