L ES produits cosmétiques, qui se veulent de plus en plus performants, n'échappent pas aux contestations sur le terrain de la sécurité sanitaire. Les industriels de la parfumerie, réunis par leur Fédération (FIP)*, qui en sont conscients, sont venus nombreux écouter Bernard Kouchner, ministre délégué à la Santé, s'exprimer sur la « santé, sécurité et principe de précaution ».
Si le ministre a souhaité relativiser le risque éventuel encouru par les consommateurs de produits cosmétiques, il n'en a pas moins caché son intention de contribuer à accroître la transparence de ces produits. « Nous nous heurtons à des risques qui sont les nôtres et, il faut l'avouer, sont moindres si l'on considère la globalité de la planète, a-t-il souligné. Toutefois, le principe de précaution est devenu réalité et il convient de réfléchir à une pédagogie des risques. »
Et c'est en gardant en mémoire les demandes de sécurité du public, en partie encouragées par les médias, que les industriels, selon le ministre de la Santé, ont « des responsabilités en matière de sécurité sanitaire pour produire des produits sûrs, conformes aux exigences et accompagnés d'une information adéquate destinée au public ».
Des risques non acceptables
Tout en rappelant la priorité que mérite le traitement des risques majeurs en termes de santé publique que sont le tabac ou l'alcool, le ministre a souligné le caractère « non acceptable du risque non choisi par le consommateur que représente une formulation cosmétique qui pourrait se révéler toxique. »
Pour améliorer la cosmétovigilance, Bernard Kouchner souhaiterait que les industriels soumettent leurs formules « dans un parfait respect de la confidentialité,avant la mise du produit sur le marché, ce que n'exige pas la réglementation actuelle. »
Suif et éthers de glycol
De même, le suif, qui a fait l'objet de nombreuses polémiques dans la presse grand public et qui est désormais interdit dans les formules dermocosmétiques, à l'exception du suif ayant subi quelques traitements, n'a pas manqué d'être condamné. « Nous pensons fortement qu'il ne devrait plus être utilisé. »
Les éthers de glycol, dont certains continuent à figurer dans la composition de nombreux produits cosmétiques, n'ont pas échappé au regard ministériel. Ils posent un problème de toxicité à long terme qui reste, à ce jour, non évalué. « Le public y est très sensible et s'exprime notamment par l'action de certaines associations. »
Toutes ces précautions devront faire l'objet d'une parfaite traçabilité. « Le fabricant doit pouvoir produire des documents assurant ces garanties pour toutes les matières premières. Nous encourageons, à ce titre, la recherche par les industriels de produits de substitution d'origine végétale ainsi que des alternatives dont la tolérance est mieux évaluée. L'AFSSAPS travaille avec la FIP dans la mise en uvre de mesures qui limiteront ces risques. »
Les contrôles de la DGCCRF et de l'Inspection générale de la pharmacie contribueront dans l'année qui vient à rappeler la volonté de l'Etat de veiller à « l'évolution de la sécurité des produits et à l'information du public, qui est indispensable et inéluctable ». Le ministre a invité les fabricants « à faire de l'industrie de la beauté également celle de la santé. »
* A l'occasion de l'assemblée générale de la Fédération des industries de la parfumerie.
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