«LA VACCINOLOGIE, développée notamment grâce à Edward Jenner en 1796 –avec la découverte de son vaccin antivariolique– a beaucoup évolué. Cette science est en pleine explosion», affirme le Dr Philippe Monteyne, vice-président de GSK Biologicals. «Aujourd'hui, nous pouvons non seulement identifier les antigènes responsables de telles ou telles réponses immunitaires. Mais aussi amplifier ces réponses et fabriquer ainsi des vaccins ciblant des maladies contre lesquelles il n'était pas possible de se protéger jusqu'à présent», poursuit-il.
Des vaccins de plus en plus sophistiqués.
Le Dr Monteyne fait précisément référence aux adjuvants. Utilisées dans certains vaccins actuels, ces molécules amplifient la réponse immunitaire. Une science née en France avec Gaston Ramon, qui avait démontré en 1925 l'effet de certaines substances comme adjuvants de l'immunité. «Pour ses vaccins, GSK s'est beaucoup investi dans les systèmes d'adjuvant. Cette technologie permet d'induire des réponses immunitaires plus fortes pour des maladies contre lesquelles nous n'arrivons pas (ou peu) à protéger la population», explique le Dr Monteyne. GSK utilise, par exemple, les adjuvants pour son vaccin contre l'hépatite B destiné aux personnes hémodialysées et pour celui contre la grippe saisonnière. «Chez les personnes âgées, les vaccins saisonniers sont moins efficaces que chez les jeunes adultes, car leur niveau de réponse immunitaire est plus faible. Mais en intégrant un système d'adjuvant à ce type de vaccins, leur réponse immunitaire est restaurée», note le Dr Monteyne.
Un investissement à long terme.
En cours d'enregistrement en Europe, Cervarix, le vaccin pour la prévention du cancer du col de l'utérus de GSK, contient aussi un adjuvant. «Car ils induisent une protection plus forte et à plus long terme contre ce cancer en maintenant une réponse immunitaire plus importante», souligne-t-il. Autre point fort des adjuvants : d'après GSK, ils permettent d'augmenter la capacité de production en diminuant la dose d'antigène par vaccin. Le laboratoire les utilise ainsi pour son vaccin prépandémique basé sur la souche H5N1.
Si les technologies employées dans la fabrication des vaccins sont de plus en plus sophistiquées, la vaccination se heurte à une série d'obstacles, notamment des réticences dans l'opinion publique. «En médecine préventive, nous nous intéressons souvent à une population saine. C'est un investissement sur le long terme: les patients n'y voient pas de bénéfice immédiat. Il est alors beaucoup plus difficile d'obtenir une bonne compliance. Par ailleurs, les vaccins sont souvent destinés aux enfants: nous ne pouvons pas accepter de leur faire courir le moindre risque. Les études cliniques sont donc effectuées sur un très grand nombre de sujets», souligne le Dr Monteyne. Les enquêtes récentes montrent toutefois que l'opinion publique française reste très largement favorable à la vaccination.
De son côté, le Dr Jean-Louis Lanoë, chercheur à l'Inserm, souligne l'individualisation du rapport à la vaccination. «Les patients sont, de plus en plus, exigeants quant aux informations délivrées par les professionnels de santé sur les bénéfices et les risques liés à la vaccination. La logique du bénéfice collectif s'efface peu à peu. La vaccination passe de la sphère de l'économie publique à celle des choix privés. Chacun se demande si la vaccination dont il bénéficie est efficace ou présente un risque pour lui. Cette exigence naturelle de questionnement individuel –qui n'existait sans doute pas auparavant– rend plus complexe la problématique vaccinale. Elle pose des problèmes relatifs aux savoirs médicaux face aux consommateurs-patients.»
Les gouvernements des pays les plus riches ne consacreraient que 1,5 % de leur budget santé à la médecine préventive. Pourtant, l'impact des vaccins est loin d'être négligeable. «Ils permettent de diminuer le nombre de personnes malades, de traitements coûteux, d'hospitalisations… Aux Etats-Unis, avec Cervarix, nous espérons diminuer de manière considérable l'ensemble des coûts dus aux dépistages positifs et à la prise en charge des personnes atteintes du cancer du col de l'utérus. Ces coûts s'élèvent aujourd'hui à 4milliards d'euros», confie le Dr Monteyne.
La vaccination vitale dans les pays en développement.
Dans les pays en développement, l'impact socio-économique des vaccins est conséquent. «Le manque de vaccins y entraîne des pertes de PIB et un retard de développement majeur. De même, trois millions de morts pourraient y être prévenus chaque année grâce aux vaccins, en particulier chez les enfants de moins de 5ans. Il est donc important d'aider les pays du Sud à devenir plus solvables, à payer les vaccins dont leur population a besoin», indique Michèle Boccoz, directrice des affaires internationales à l'Institut Pasteur. De son côté, ces dernières années, la communauté internationale a multiplié les financements créatifs, socialement responsables. Exemple : l'AMC (Advance Market Commitments). Par ce mécanisme financier, des bailleurs de fonds s'engagent à subventionner l'achat futur (à un prix prédéterminé) d'un vaccin qui n'est pas encore disponible. A condition qu'un vaccin adapté soit mis au point et qu'il soit sollicité par les pays en développement. Mais ce type d'initiative n'est pas suffisant. «Chaque année, la rougeole tue encore 700000 enfants dans ces pays, alors qu'un vaccin existe pour les protéger», déplore Michèle Boccoz.
Ainsi, comme le souligne le Dr Monteyne, «après l'eau potable, l'accès à la vaccination est la deuxième mesure la plus utile dans les pays en développement».
Deux prix en santé publique
Chaque année, par la remise de deux prix dotés chacun de 15 000 euros, GSK soutient la réalisation de projets en santé publique. Ces prix, le prix d'épidémiologie Henri-Philippart et le prix d'économie de la santé, sont décernés en partenariat avec l'Association des épidémiologistes de langue française et le Collège des économistes de la santé. Les jurys étaient présidés par Lucien Abenhaïm, professeur de santé publique, et de Thérèse Lebrun, recteur des universités catholiques de Lille. Julie Chevalier, économiste de la santé et doctorante à l'université Paris-IX-Dauphine, a été récompensée pour son projet de recherche sur les indicateurs d'utilité adaptés à la France, sur la base de l'échelle de qualité de vie EQ-5D dans le cadre d'EuroQol. Basile Chaix, épidémiologiste à l'Inserm (U707) et à l'université de Malmö (Suède), est distingué pour son projet de recherche sur l'impact du contexte de résidence sur la santé coronaire.
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