La piste inflammatoire relancée

Behçet : quatre nouveaux gènes

Publié le 10/01/2013
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Les National Institutes of Health américains, en collaboration avec des chercheurs turcs et japonais, viennent d’identifier quatre nouveaux locus de susceptibilité dans la maladie de Behçet, cette maladie systémique particulièrement fréquente en Turquie (1/250) et retrouvée ailleurs sur le trajet de l’ancienne route de la soie. Le plus étonnant est sans doute que ces 4 nouveaux gènes sont communs à d’autres maladies inflammatoires, telles que la spondylarthrite ankylosante, le psoriasis ou les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI). Pour l’auteur principal de l’étude, le Pr Dan Kaster, directeur scientifique au National Human Genome Research Institute : « Ces associations génétiques nouvellement découvertes montrent un lien entre la maladie de Behçet et d’autres maladies plus fréquentes, ce qui suggère de nouveaux traitements. De plus, deux des nouveaux gènes suggèrent un lien entre les gènes et les microbes de l’environnement. »

En étudiant le génotype de sujets turcs (1 209 ayant la maladie et 1 278 témoins) grâce à une étude d’association sur génome entier, l’équipe de recherche a identifié 4 locus de susceptibilité supplémentaires. Leurs résultats se sont confirmés dans une étude complémentaire chez 1 468 Turcs et 1 352 Japonais. « Cette étude est une grande avancée, parce qu’elle élargit le spectre des locus de susceptibilité à la maladie de Behçet », souligne le chercheur américain. La composante génétique joue un rôle important dans l’expression de la maladie, en particulier avec le gène HLA B51 représentant 20 % du risque génétique et connu depuis quarante ans. Cette même équipe de recherche avait identifié il y a deux ans deux autres locus de prédisposition.

Une parenté à exploiter

Le gène ERAP1, des variants à proximité du gène CCR1, d’autres du gène KLCR4 et le gène STAT4, tels sont les noms des nouveaux « accusés ». « Chacun de ses facteurs génétiques contribue un petit peu au risque global de développer la maladie, commente Elaine F. Remmers, co-auteur. Nous les avons retrouvés également dans des voies importantes dans le développement d’autres maladies inflammatoires ». À ce titre, l’équipe considère ces récents résultats comme très prometteurs. « Associées à nos précédentes études d’il y a deux ans, ces données génétiques constituent une preuve forte pour un lien causal entre la maladie de Behçet et d’autres maladies inflammatoires (...). Ce qui soulève l’espoir que certains des traitements utilisés dans ces indications puissent se révéler efficaces dans la maladie de Behçet. »

Nature Genetics, publié en ligne le 6 janvier 2013.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 9208