Les « agents des fièvres hémorragiques » cités dans le plan Biotox de Bernard Kouchner regroupent un grand nombre de maladies, transmises par des virus de dangerosités différentes (classés type II, III et IV). Certains virus ne sont transmissibles que par des arthropodes, moustiques (dengue, fièvre jaune) ou tiques (fièvre hémorragique de Crimée, Congo), d'autres par les déjections de rongeurs (Lassa, Hantaan) ou par contact à partir d'un hôte infecté (Ebola, Marburg).
Il est difficile d'entrevoir aujourd'hui une utilisation criminelle de ces agents pour plusieurs raisons. La plus importante est peut-être que « tous ces virus ont une très faible survie dans le milieu ambiant, explique Vincent Deubel, directeur du laboratoire P4 de Lyon. Ce ne sont donc pas des virus qui se transmettent par aérosol. En outre, on ne s'explique pas la survie des virus issus des urines souillées d'un rongeur : elle nécessite probablement un cofacteur encore inconnu. »
Un autre point qui mérite d'être souligné est la faible transmission de ces agents : les manifestations épidémiques de virus émergents, tels que le virus Ebola, ont résulté d'un très faible niveau d'hygiène hospitalière permettant la contamination interhumaine au contact des fluides des malades. Dès que des mesures minimales d'hygiène sont prises (gants, masque), a fortiori avec des virus qui ne donnent pas de syndrome pulmonaire (donc, pas de toux), les cas de contamination secondaire sont rares. Enfin, « la plupart des chocs hypovolémiques provoqués par le virus peuvent être traités par une prise en charge hémodynamique des malades », dit encore le spécialiste. La nécessité d'un vecteur tel que l'Aedes, l'existence d'une vaccination (fièvre jaune) ou d'un traitement utilisable sur un certain nombre de virus comme la ribavirine sont d'autres arguments en défaveur d'une utilisation en arme biologique de ces virus.
Un entretien avec le Dr Vincent Deubel, directeur du laboratoire P4 (IP Lyon).
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