BIEN QUE cette année, l’Orchestre de La Scala de Milan lui ait volé la vedette, il faut reconnaître que, depuis une dizaine d’années, le Staatskappelle Berlin, sous l’impulsion de Daniel Barenboïm, est passé du statut d’orchestre de fosse à celui d’un grand orchestre symphonique de niveau international, un des premiers de l’Allemagne unifiée après les Berliner Philharmoniker. Il a brillé dans la fosse du Staatsoper Unter den Linden (ancien opéra de Berlin-Est et établissement le plus ancien de la capitale prussienne) avec un « Lohengrin » de Wagner dirigé avec une grande passion dramatique par son directeur musical Barenboïm.
Pour la mise en scène, on avait fait appel au Norvégien Stefan Herheim, responsable d’un « Parsifal » sulfureux au dernier festival de Bayreuth. Rien de tel ici, mais une mise en scène inutilement tarabiscotée où se succèdent les effets de théâtre dans la ville (avec des figurants en civil raillant les spécificités des trois opéras de Berlin), de théâtre dans le théâtre avec des marionnettes à l’effigie des personnages et surtout de Wagner. Beau dispositif scénique partiellement moyenâgeux d’Heike Scheele et beaucoup trop de complications pour raconter un des livrets les plus clairs de Wagner.
Heureusement, le niveau musical était au plus haut avec le titulaire du rôle-titre du moment, Klaus Florian Vogt, que l’on avait pu entendre dans ce rôle en version de concert à Pleyel l’an dernier, à la voix enfantine et colorée à la fois. Dorothea Röschmann était aussi une Elsa de rêve avec une voix à la fois légère et dramatique. Belle Ortud de Michaela Schuster, d’autant que Herheim montre bien (c’est la seule à ne pas promener sa marionnette) combien c’est elle qui tire les ficelles de ce drame.
Pour le Vendredi Saint, l’Orchestre et les Churs de La Scala, réunis en un seul souffle dramatique par Barenboïm, donnaient du « Requiem » de Verdi une interprétation recueillie, loin du cliché d’ « opéra en soutane » qui lui colle à la peau. La distribution, admirable, comportait la basse noble de René Pape, Giuseppe Filanoti et Luciana D’Intino et le merveilleux soprano allemand Anja Harteros. Depuis, Julia Varady, on n’avait pas entendu une voix si riche planer aussi haut au-dessus des merveilleux churs de ce théâtre italien auquel Daniel Barenboïm consacre désormais une partie de son activité de chef.
Staatsoper Unter den Linden Berlin : 00.49.30.20.35.45.55 et www.staatsoper-berlin.de.
À l’affiche des Festtage 2010, 3 opéras dirigés par Barenboïm (« Eugene Onéguine » avec Rolando Villazón et Anna Samuil, « Simon Boccanegra » avec Plácido Domingo et Ferruccio Furlaneto, « Tristan et Isolde » avec Waltraud Meier et Peter Seiffert, René Pap), des récitals de M. Pollini, A. Netrebko et des concerts de la Staatskappelle Berlin, direction P. Boulez.
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