C'EST DEMAIN que les membres du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) se réunissent au siège de l'institution pour désigner les membres du nouveau bureau (« le Quotidien » du 14 juin). Doivent notamment être élus le nouveau président (le sortant, le Pr Jacques Roland, a d'ores et déjà indiqué qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat), le secrétaire général et le trésorier.
Traditionnellement, l'élection du bureau de l'Ordre national se déroule loin des feux des projecteurs. L'institution ne goûte guère les éclats de voix, et les tractations inhérentes à ce genre d'exercice se déroulent habituellement loin du devant de la scène. Il faut cependant bien reconnaître que, sous la présidence du Pr Jacques Roland, l'Ordre a fait de réels efforts en matière de transparence, même si celle-ci s'est parfois réalisée au détriment de son président. Plus de transparence dans le fonctionnement, collégialité accrue, abandon progressif de certaines positions jugées rétrogrades (notamment en matière de PDS) qui avaient trop souvent éloigné les médecins de l'institution, ce renouveau a, semble-t-il, amené trois membres de l'Ordre national à faire état plus ou moins publiquement de leur candidature à sa présidence : lors d'une des dernières séances du Conseil national, le Dr Jacques Lucas, actuel secrétaire général, s'est officiellement porté candidat, ainsi que son confrère Walter Vorhauer.
Un autre membre du Conseil national, le Dr Michel Legmann, confiait peu après au « Quotidien » qu'il réfléchissait encore à l'éventualité de sa candidature. De son côté, le Pr Claude-François Degos, fraîchement élu conseiller national le 14 juin dernier et poursuivi par une insistante rumeur le donnant lui aussi candidat, indiquait au « Quotidien » à la veille du scrutin qui le faisait entrer au Conseil national que «pour l'instant, ce n'est pas à l'ordre du jour». Certains conseillers nationaux, et non des moindres, n'avaient pas manqué de relever que, dans cette laconique déclaration, tout était dans le «pour l'instant».
A la veille de ce scrutin décisif, où en est-on ?
Du côté du Pr Degos, contacté à plusieurs reprises sans succès par « le Quotidien », certains sont prêts à parier qu'il sera bel et bien candidat. Tel conseiller national rappelle ainsi que «la conférence de presse organisée par Degos à l'Ordre il y a 15jours [alors qu'il n'était pas encore conseiller national, ndlr] n'était pas un hasard. Il la préparait de longue date, ainsi que sa montée en puissance au sein de l'Ordre. A telle enseigne, ajoute ce conseiller national, que le président Roland n'a souhaité ni apparaître ni participer à sa conférence de presse». Mais d'autres conseillers nationaux sont beaucoup plus sceptiques : «Franchement, je n'ai rien entendu sur son éventuelle candidature», assure un autre conseiller, qui ajoute en substance que, fraîchement élu au Conseil national, le Pr Degos irait au casse-pipe en se présentant aussi prématurément à la présidence. Mais un dernier conseiller a une vision plus tactique : «Si les conseillers ont l'impression que trois candidats libéraux se déchirent pour le fauteuil, un hospitalo-universitaire comme Degos pourrait bien les départager en empochant la mise.»
Troisième tentative.
Le Dr Jacques Lucas confirme pour sa part qu'il postule bien à la présidence. «Cette candidature, précise-t-il au “Quotidien”, comporte naturellement des motivations reposant sur la plate-forme que l'Ordre a publiée et sur la modernisation, l'ouverture et la transparence dans notre fonctionnement. Au demeurant, ce qui comptera, ce sera la politique suivie et mise en oeuvre, non les déclarations d'intention. Je me situe à cet égard dans le renforcement des acquis de la mandature qui se termine.» Candidat à la succession du Dr Jean Langlois, Jacques Lucas avait été battu par le Dr Michel Ducloux durant l'été 2003. En 2005, Jacques Lucas avait fait jeu égal avec le Pr Roland (20 voix chacun) qui avait été élu au bénéfice de l'âge, conformément aux statuts de l'institution. C'est donc pour la troisième fois qu'il brigue la présidence du Cnom, avec cependant d'indéniables atouts : fin connaisseur des dossiers, connu pour être un travailleur acharné, Jacques Lucas a en outre été le plus proche collaborateur du Pr Roland dont il a été ces deux dernières années le secrétaire général. A ce titre, les récentes évolutions de l'Ordre sont tout autant à mettre à son actif qu'à celui de son président, qui a pu donner le sentiment de s'être un peu désengagé depuis l'annonce à la fin 2006 qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat. Le Dr Lucas pourrait, en revanche, souffrir de l'étrange malédiction dont on dit qu'elle a frappé l'Ordre : aucun secrétaire général en exercice n'y aurait en effet jamais été élu président.
Quarante conseillers.
Egalement contacté par « le Quotidien », Michel Legmann confirme simplement sa candidature : «J'ai décidé d'être candidat», indique-t-il d'emblée. Michel Legmann met en avant «dix ans de bureau national, vingt-cinq ans au conseil départemental des Hauts-de-Seine, ainsi que le service de cinq présidents successifs de l'Ordre» pour justifier son ambition ordinale. Croit-il en ses chances ? «Si je pensais n'en avoir aucune, confie-t-il au “Quotidien”, je n'irais pas. Je suis un homme consensuel, je ne suis fâché avec personne, et je ne suis pas en conflit avec les autres candidats qui sont pour moi des concurrents, mais sûrement pas des adversaires.»
Enfin, du côté du Dr Walter Vorhauer, toujours candidat selon ses proches, le silence semble également être de rigueur. Moins médiatisé que ses concurrents, on lui prête néanmoins quelques appuis au Conseil national où il siège depuis des années.
Demain matin, les quelque 40 conseillers nationaux vont donc se réunir dans la grande salle du conseil pour procéder à l'élection. Ils doivent s'attendre à plusieurs votes entrecoupés par d'aussi nombreuses interruptions de séance. Comme le dit un conseiller national, «le problème, c'est que chaque candidatest persuadé que les huit nouveaux conseillers nationaux (issus de l'élection du 14 juin dernier) sont avec lui»...
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