Balade en Balagne

TOURISME

N APOLEON affirmait reconnaître son île natale « les yeux fermés », à son odeur. Rien n'est plus vrai ici. Le parfum enivrant des plantes sauvages du maquis de Balagne - cistes, myrtes, bruyères, arbousiers, pistachiers, asphodèles immortelles, lavandes, etc. - indique bien que nous sommes en Corse et nulle part ailleurs.

D'une vallée à l'autre, entre tours génoises et églises baroques, la Balagne, tel un amphithéâtre ouvert sur la mer, qui s'étend entre les zones sauvages du désert des Agriates et le golfe de Girolata, offre une succession de panoramas d'une stupéfiante beauté.
Calvi, l'ancienne cité génoise aux couleurs ocre et rose et la masse grise de sa citadelle surplombant le port comme posée sur les eaux lumineuses de la baie sur fond de hautes montagnes souvent enneigées.
Sa vieille ville et son décor de palmiers et de figuiers de Barbarie au milieu de hautes maisons aux balcons ployant sous les fleurs et les plantes vertes au-dessus des ruelles pavées et des petites places ombragées. Havre idéal du fait de sa position au fond de son golfe protégé, Calvi fut dès le dixième siècle avant J.-C., port phénicien puis grec avant l'arrivée des romains qui la surnommèrent Calvus (chauve) en raison de l'aspect lisse de l'imposant rocher sur lequel fut construit plus tard la citadelle.
Paisible et prospère jusqu'à la fin de l'empire romain, Calvi, comme tout le littoral corse, subit durant plus de cinq siècles les incursions meurtrières des barbares, vandales et autres Ostrogoths, avant l'arrivée des génois en 1278. La protection de la République de Gênes, qui édifia la solide citadelle et un réseau de tours de guet pour faire face aux menaces sarrasines, prit fin au début de la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
Avec la proclamation du gouvernement de la nation corse, par Pascal Paoli, suivi quatorze année plus tard par le rattachement à la France en 1769. Rattachement qui ne devint définitif qu'en 1796, après un bref intermède de deux ans de gouvernement anglo-corse, installé après la prise de Calvi par la flotte anglaise de Nelson alliée à Pascal Paoli et ses partisans.
Les siècles passés sous la protection de la République génoise marquent toujours la capitale de la Balagne dont la devise Civita Calvi Semper Fidelis marque l'accès à la citadelle, qui veille toujours sur le port de plaisance, classé première station nautique de Corse.

Art religieux

Reliée seulement par un petit isthme à la terre, la vieille forteresse, qui forme la ville haute derrières ses formidables murailles de pierre, est sillonnée par un inextricable réseau de ruelles de passages souterrains, de chemins de ronde, de voûtes et d'escaliers. Au centre du rocher, la superbe cathédrale Saint-Baptise, surmontée d'un dôme gracieux, domine majestueusement la ville. A l'intérieur, outre un maître-autel en marbre de couleurs différentes, on peut admirer un triptyque du XVe siècle, œuvre du peintre ligure Barbagelata, et une statue de bois de la Vierge habillée de noir portée en procession tous les vendredis saints. Plus bas, en descendant sur la place d'Armes, non loin de l'ancien palais des Gouverneurs et du bastion San Giorgiu érigé au XIe siècle, l'oratoire de la Confrérie Saint-Antoine abrite un intéressant petit musée d'art religieux qui abrite de belles fresques, dont une crucifixion de 1513, et un très beau christ d'ivoire attribué au sculpteur florentin Sansovino.
L'ancien palais des évêques de Sagone, qui date du XVIe siècle, a subi une reconversion plus profane. Transformées en restaurant night-club, ses vénérables salles voûtées sont aujourd'hui le lieu branché du Tout-Calvi estival.
Dans la ville basse la place Christophe Colomb - les habitants de Calvi soutiennent mordicus que le célèbre navigateur génois est né ici en 1441 - offre un superbe panorama sur la baie et le rocher de la citadelle. Le long du port où se balancent voiliers, yachts sophistiqués et simples bateaux de pêche, les parasols des cafés et des restaurants ombrent les bords de l'eau le long du quai de Lancry. Dans la douceur méditerranéenne, on y déguste aux premières loges du golfe et du port poissons et crustacés.
De la baie de Calvi à Girolata, aux portes de la vallée du Fango, la côte en dentelle s'ouvre sur une succession de golfes ponctués de pointes, de cap et de promontoires rocheux. Non loin d'une longue plage de galets isolée dans le maquis, on découvre Girolata, petite bourgade de pêcheurs, et sa vieille tour génoise qui monte la garde au dessus de son golfe.
Avec ses futaies de pins et ses rochers de porphyre rouge, le cirque de Bonifato, cerné par une chaîne de sommets dont plusieurs culminent à plus de 2 000 mètres, offre une succession de panoramas grandioses. Au détour des petites routes escarpées, qui se faufilent à travers les paysages de campagnes montagneuses parsemées de murets de pierre et de cabanes de bergers, surgissent ça et là des petits villages perchés sur des pitons rocheux ou blottis au creux d'étroites vallées. Des villages fortifiés aux hautes maisons de granit, entrelacées d'étroites ruelles et de passages voûtés, formant remparts aux agressions barbaresques et sarrasines qui terrorisaient jadis le littoral corse.
Belgodère, l'un des plus pittoresques, offre du haut de son vieux fort génois un superbe panorama sur la mer et la vallée du Prato et les trésors de son église baroque où l'on découvre un superbe retable en bois sculpté du XVIe siècle.
Autrefois capitale de la Balagne, le village de Corbara a des allures très mauresques avec ses figuiers de Barbarie et ses venelles escarpées pavées de pierre. Le clocheton et le campanile de l'église baroque de l'Annonciation du XVIIe siècle, dominent de beaux et antiques « palazzi » blancs éparpillés dans les vergers et, au loin, campé au milieu des oliviers sur les pentes du Monte Angelo, un couvent fondé par les moines franciscains en 1456, aujourd'hui encore lieu réputé de retraite spirituelle.

Artisanat et chant polyphonique

Offrant une vue saisissante sur la baie d'Algajola, la petite route pleine de charme qui serpente en parallèle de la nationale reliant Calvi à l'île Rousse mène à Pigna, l'un des plus beaux villages de la région. Avec ses ruelles pavées qui escaladent la colline et se faufilent entre les vieilles demeures aux façades ocres et aux volets bleus où s'accrochent des bougainvillées, le village s'articule autour d'une jolie place à l'ombre d'arbres, face à l'église de l'Immaculée Conception (XVIIIe siècle), célèbre pour son très bel orgue. Artistes et artisans, potiers, sculpteurs et musiciens ont redonné vie à ce village modèle qui se veut le berceau de la renaissance de l'artisanat corse et où chaque année à la mi-juillet à lieu le Festivoce, l'incontournable festival du chant polyphonique corse.
Nichée dans un immense parc de pins centenaires, d'oliviers, de palmiers et d'eucalyptus, l'auberge de La Signoria n'est qu'à 5 km à peine de Calvi et de la mer. Cette ancienne demeure du XVIIe siècle fait survivre le raffinement de la civilisation latine avec ses 20 chambres, toutes climatisées et superbement colorées dans les teintes méditerranéennes disposées autours d'une immense piscine bleue. Outre un hammam et un tennis pour la détente, La Signora abrite dans ses murs une excellente table. Entre bains de mer et randonnées à travers les villages de montagnes, on appréciera les plats raffinés de Christian Siruget, l'excellent chef bourguignon parfaitement à l'aise avec les plus savoureuses spécialités de la cuisine corse.

Pour partir

TRANSPORTS
- Vols réguliers Air France au départs de Paris - Orly Ouest, Lyon, Lille et Strasbourg.
- Ollandini Charter propose des vols hebdomadaires Paris/Calvi à partir de 1 110 F A/R. Départs de Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Brest, Caen, Lille, Strasbourg et Mulhouse. Renseignements : 01.42.33.85.34.
HOTELS
- La Signoria (3 étoiles), route de la forêt de Bonifato à Calvi. Tél : 04.95.65.23.73.

Superbe auberge installée dans une ancienne demeure du XVIIe siècle dans un parc à 5 km de Calvi et 4 km de la mer. 20 chambres climatisées. Excellente table gastronomique. Tennis, piscine, hammam (gratuits).
- La Villa (4 étoiles, Relais & Châteaux), chemin Notre-Dame de la Serra à Calvi. Tél : 04.95.65.10.10. Dans un parc de 3 ha sur les hauteurs de Calvi à 800 m du port. 41 chambres climatisées réparties dans trois demeures. Restaurant gastronomique avec vue sur la baie et la citadelle. 4 piscines, tennis et hammam (gratuits).
RESTAURANTS
- Outre les excellentes tables gastronomiques de La Signoria et de La Villa Calvi, signalons le Calellu, quai de Lancry à Calvi (04.95.65.22.18.), pour ses poissons et ses crustacés remarquables de fraîcheur ; et, à Pigna, A Casa Musicale (04.95.61.77.31.), pour ses spécialités du terroir montagnard et sa terrasse s'ouvrant sur un panorama magnifique.
SEJOURS
Ollandini Voyages propose dans ses brochures Corse/Sardaigne et Week-ends Corse, outre un grand choix de circuits, séjours, locations, hôtels et formules avion + voiture. Des forfaits-séjours à la Signora de Calvi à partir de 3 135 F Paris/Paris les 3 jours/2 nuits en chambre double et petits déjeuners et une voiture de location et à partir de 5 855 F Paris/Paris les 8 jours/7 nuits. A La Villa, à Calvi, des forfaits à partir de 3 020 F Paris/Paris les 2 nuits avec petits déjeuners et à partir de 6 310 F Paris/Paris les 7 nuits.
NE PAS MANQUER
- Le Festival international du jazz en juin sur le port de Calvi.
- Les Rencontres d'art contemporain (plasticiens, peintres et sculpteurs), de juin à la fin août, dans les salles d'exposition de la Citadelle.
-Les rencontres de chants polyphoniques à la mi-septembre, où différents groupes, corses ou non, se succèdent dans les églises de la villes.
- Le Festival du vent, à la fin octobre, qui rassemble durant une semaine des manifestations sportives, (deltaplane, parapente, etc.) et artistiques (cerfs-volants, orgues à vent et autres, autours du vent et de l'imaginaire qu'il suscite.
RENSEIGNEMENTS
- Agence du tourisme de la Corse 17, Bd Roi-Jérôme, BP 19, 20181 Ajaccio Cedex 1. Tél : 04.95.51.77.77. Fax : 04.95.51.14.40. Internet : www.2sitec.fr/atc
- Office du tourisme de Calvi, port de plaisance. Tél : 04.95.65.16.67.
- Ollandini Voyages (01.42.33.85.34). Brochures Ollandini Voyages dans les agences et à Quotidien Voyages (tél. 01.53.63.84.40).